School Poudlard
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-20%
Le deal à ne pas rater :
Xiaomi Poco M6 Pro (8 Go / 256 Go) Noir
159.99 € 199.99 €
Voir le deal

 

 Shay Eleonore K. Whorin

Aller en bas 
AuteurMessage
Shay Whorin
Modo - Poufsouffle 7ème année
Shay Whorin


Nombre de messages : 805
Age : 35
Date d'inscription : 27/08/2008

Feuille de personnage
Age: 16 ans
Groupe: Elève et AD
Relations:

Shay Eleonore K. Whorin Empty
MessageSujet: Shay Eleonore K. Whorin   Shay Eleonore K. Whorin Icon_minitimeMar 21 Avr - 17:36

C’est l’histoire d’une fille…



C’est l’histoire d’une fille comme les autres, avec ses rêves, ses espoirs, et ses désillusions. C’est l’histoire d’une gamine qui a cru qu’un jour, l’avenir pourrait lui sourire à elle aussi. C’est l’histoire d’une enfant devenue adulte par obligation et non par choix.

Il y en a tant de par le monde, qui croie que tout est possible jusqu’à ce que cette fameuse lueur s’éteigne à son tour. Comme un courant qui nous emporte, et nous laisse essoufflé au bout de sa course, une fois qu’il nous a débarqué sur le bord le plus proche. A nous d’assumer, de reprendre des forces, de savoir se retourner et croire encore en quelque chose, que ce ne soit rien aux yeux des autres ou bien trop grand pour ne pas être risible. Quand on a que notre foi, pour nous mener plus loin encore, quand il n’y a que cela pour nous redonner assez de courage, et nous redresser malgré tout. Quand notre cœur se met à saigner, et qu’un jour, le flot de douleur cesse, non pas parce qu’on a retrouver le soleil, mais parce qu’on n’en a plus la volonté. Lorsqu’au lieu de voir des couleurs, on pose un regard sur la vie, en noir et blanc, teinté de gris.

C’est l’histoire d’une fille qui, longtemps a longé ce couloir, prête à ouvrir une porte, sans savoir jamais laquelle. Et bien qu’un jour, l’une d’entre elles, se soit entrouverte pour lui laisser apercevoir ce qui était de plus beau en ce monde, comme toute chose, il avait sa fin. Tous ces sentiments, dont on nous bassine parfois. Toutes ces couleurs chatoyantes, toutes ces odeurs enveloppantes, ces sensations d’être quelqu’un finalement. De ne pas être là pour rien, et d’avoir, aussi, une chance de refaire sa vie. Comme on l’entend.

C’est l’histoire d’une fille qui, a perdu ses rêves, en songeant qu’elle n’en avait peut-être jamais vraiment eu. Le souffle passé, l’espoir éteint. La rancune tenace, d’un cœur assassin. Comment se donner le droit d’accepter la vie ? Avoir le choix de pouvoir dire oui. Alors que lorsqu’on regarde derrière soi, lorsqu’on voit le tableau sombre de ce que l’on a été, de ce que l’on est peut-être encore… quand on constate que rien n’est vraiment effacé, qu’il y a trop de douleurs pour cela, que l’on a mal, mais on ne veut pas pleurer, par faiblesse, ou parce que c’est comme ça. Quand on croit que rien ne pourra changer, qu’il n’y a que comme ça, qu’on se permet de rester.

C’est l’histoire d’une fille…



Qui n’avait pas son mot à dire. Toute sa vie, elle l’avait passé à ramer à contre courant, pour avoir une chance de garder la tête hors de l’eau. Le fait de ne pas avoir de parents était déjà en soi une caractéristique qui, la propulsait dans le monde, diminuée. Elle ne pouvait connaître ces moments de douceur, de complicité, et d’amour tout simplement. Pour la gamine qu’elle avait été, les goûters avec la mère ou le père à la sortie de l’école, ça n’avait jamais existé. Les activités extrascolaires où on peut lever la tête vers un visage rayonnant qui vous félicite et vous encourage, ce n’étaient que songes ridicules. Bien sur, on s’était occupé d’elle. Oh oui, cette fille avait eu le temps d’être heureuse, elle en avait même eu l’occasion à plusieurs reprises. Peut-être était-ce juste le « plusieurs » qui gênait, peut-être que le fait d’avoir vécu chez des familles différentes dans son enfance avait modelé sa conception de la vie, mais au moins, elle avait comprit une chose. Que le bonheur n’est qu’éphémère. Et qu’il ne fallait pas trop s’y attacher. Alors oui, ses caprices, son attitude d’enfant rebelle n’était certainement pas pour encourager les familles d’accueil à la garder auprès d’elles. Mais qu’auriez vous fait, en entendant des adultes dire, sans vérifier si vous pouviez entendre ou non, qu’ils regrettaient leur choix. Mais « qu’il n’y avait jamais d’enfants en bas âge pour les familles d’adoptions ». Qu’elle n’était qu’un boulet que l’on traînait parce qu’on n’avait pas eu la tête sur les épaules à certains moments de sa vie ? Comment réagiriez vous si vous compreniez si tôt que personne ne voulait de vous ? Que ces personnes n’étaient pas vos parents, et que jamais, ces derniers ne se manifesteraient pour vous reprendre auprès d’eux ? Comment prendriez vous le fait que déjà si jeune, vous ne servez et ne servirez jamais à rien ? Qu’on n’a pas besoin de vous ? Que vous n’êtes pas nécessaire ?

Oui, c’est l’histoire d’une fille comme les autres.

Il faut néanmoins grandir, se durcir de l’intérieur, et ne plus faire attention aux regards qu’on vous porte. Elle s’est endurcie le cœur, sans grandes difficultés. On la trimbalé de foyer en foyer, tous plus chaleureux les uns que les autres, jusqu’à ce qu’on découvre les vrais visages. Il faut avouer qu’elle n’était pas facile non plus, et qu’elle ne cherchait pas à l’être. Qu’on lui fiche la paix, c’est tout ce qu’elle demandait.
Et puis, un jour, la grand-mère espagnole. Celle à qui l’on confiait les cas les plus difficiles. Une découverte, une maison vive. Des enfants partout, de tout âge et de toute origine. La fillette reste froide, et observe sans en donner l’air. On l’approche, on lui parle, on l’examine même. Mais pas de réelle aversion, pas de dégoût, ni d’antipathie. Elle est là, tout comme eux, et est la bienvenue. La vieille femme sourit toujours, elle l’a accueilli les bras ouverts. Un visage féminin rassurant, mais elle ne se laissera pas y prendre. La fillette n’est plus naïve, elle connaît les hommes, et ce qui habite parfois leur cœur.
Une gamine s’approche, lui offre un sourire sincère et désarmant, lui tend la main pour caresser sa joue, comme un ange le ferait. Parfois, il lui arrivait de rêver aux anges. De grandes créatures lumineuses qui viendraient la tirer de là. Mais le matin, les désillusions étaient toujours plus grandes.

« Elle s’appelle Shay, les enfants. »

Oui, c’est ainsi qu’on la nomme, c’est ainsi qu’on l’a appelé. C’est ce qu’elle est aux yeux de tous. L’autre gamine la regarde, mais ne parle pas. Jamais. Elle apprend qu’elle ne peut pas, tout simplement. Alors les conversations se font par les yeux, parce que les yeux ne mentent quasiment pas. Elle ne sait plus très bien à quel moment, mais le fait était qu’elle avait laissé la porte de son antre ouverte, et que « la fille qui ne parle pas » s’y était engouffrée. Elle lui avait tendue la main, et à aucun moment, ne s’était détournée.

Anaïs qu’elle s’appelait.

~~~~~~~~~~~~



Il y a de cela bien longtemps à présent, deux jeunes fillettes se regardaient dans les yeux, chacune d’entre elle se tenant d’un coté de la table basse. Une pile de feuilles blanches et un paquet de crayons dispersés sur le meuble en bois créaient un décor enfantin, et coloré. Un sourire toujours affiché sur le visage de la brunette, ses yeux transperçaient la seconde par leur douceur et leur amour. Tant de sentiments de pure bonté qui attiraient comme effrayaient la jeune blonde. La vieille femme qui serait passé par là en cet instant et aurait par la même occasion posé son regard sur les deux demoiselles, en aurait sourit de bonheur. Pour elle, les enfants qu’elle abritait avait du par un trop grand nombre de fois, batailler avec les noirceurs de l’âme humaine, et contempler ces deux anges – parce que oui, il n’y avait aucuns doutes là-dessus, Shay, tout autant qu’Anaïs était un ange – lui mettait du baume au cœur. Le plat de crêpes qu’elle tenait en mains avaient du attirer l’attention des deux enfants, plus que sa présence elle-même. Lorsqu’elle se rendit compte qu’elle était piégée sous les regards clairs des deux fillettes, un sourire malicieux vint à étirer ses lèvres vieillies. Une proposition de chocolat et de confiture suffit à les attirer dans la cuisine avec les autres, où le combat pour la plus belle des crêpes avait déjà commencé.

. : ¤ : .



Parfois, le choix n’était pas. Se souvenir, ressasser ces moments passés comme étant marques de notre vie ancrées dans notre cœur, était même nécessaire. Pour certains, vital. Ils nous façonnent, ils nous contraignent, ils nous évaluent et nous soumettent aussi. Quand bien même, ceux-ci nous seraient douloureux et plus que pénibles à supporter, n’est-ce pas tout de même important de les garder en mémoire ?

. : ¤ : .



Quelques années plus tard, l’horreur a balayé les rares instants de liberté pour la jeune blonde. La dureté de son cœur aura beau s’effriter avec le temps, il n’en reste pas moins qu’elle se dégoûte elle-même. Les gouttes dégoulinent dans son cou, la faisant parfois frissonner, tandis que des mèches claires se collent à son visage. Il fera froid cet hiver là, il fera si froid que les sortilèges sur les serres devront être solidifiés, mais pour le moment, elle n’avait à faire face qu’à l’automne et son souffle mélancolique qui lui serrait le cœur. Sa vue brouillée partiellement lui permettait toujours de contempler cette étendue sombre, striée de multiples impacts à sa surface. Le lac subissait l’averse, lui aussi, et tout comme elle, ne s’en plaignait pas. Contre la nature, il n’y a pas à lutter, il n’y a pas non plus à vouloir se dresser. Durant ces moments de pures folies de Dame Nature, Shay avait alors plus que tout, l’impression de n’être que « poussière qui retournerait à la poussière ». Et cela, avait quelque chose de rassurant.

. : ¤ : .


Les vacances sont arrivées, et tourner le dos à Poudlard ne devrait pas lui être dur. Quelques rares attaches la retiennent en ces murs, mais ses fantômes sont pour la plupart, sa seule compagnie. Comment leur en vouloir de la hanter encore après tout ce temps ? Sagesse et sévérité ont croisé ses pas, l’amenant dans certaines occasions à prendre des décisions qui lui furent difficiles. La douleur et le regret ne sont cependant rien, quand on songe de la manière à laquelle on veut songer. Tout amené à se trouver des réponses, des subterfuges, des excuses, mêmes ridicules aux yeux de certains, était jeu de son existence. Il lui fallait à présent, pour deux mois, rejoindre l’endroit où elle avait trouvé un emploi, histoire de pouvoir subvenir à ses besoins. C’était le quatrième été qu’elle passait loin du lieu qu’elle aurait le plus, pu considérer comme étant sa maison, son… « chez elle », et Shay du repousser l’amertume qui naissait déjà dans sa poitrine. Elle tourna la tête en direction de la foule d’élèves qui rejoignaient le Poudlard Express, son regard survolant ceux qui se trouvaient dans la même année que la sienne.


Dernière édition par Shay Whorin le Mar 21 Avr - 17:47, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Shay Whorin
Modo - Poufsouffle 7ème année
Shay Whorin


Nombre de messages : 805
Age : 35
Date d'inscription : 27/08/2008

Feuille de personnage
Age: 16 ans
Groupe: Elève et AD
Relations:

Shay Eleonore K. Whorin Empty
MessageSujet: Re: Shay Eleonore K. Whorin   Shay Eleonore K. Whorin Icon_minitimeMar 21 Avr - 17:38

~~~~~~~~~~~~


Elle avait bien grandi. Cela se voyait dans le regard que lui portait la vieille femme. Depuis combien de temps cette dernière n’avait-elle pu contempler ce visage si fin, semblant si docile, et si ouvert à la fois ? Depuis combien de temps n’avait-elle pas eu de nouvelles pour lui confirmer qu’elle allait bien ? Et elle-même, depuis combien de temps hésitait-elle à venir lui rendre visite ? Shay soupira. Un souffle léger et discret qui traversa ses lèvres rosées. Elle n’avait pas souhaité lui causer du souci, loin de là même, mais depuis bientôt cinq ans maintenant, ses pas l’avaient mené de port en port, sans qu’elle ne trouve le courage ou la volonté nécessaires à se poser de nouveau face à elle. Non. Elle n’aurait pas voulu revenir sans... sans avoir grandi. Grandi en elle-même. C’était si puéril en un sens, mais elle ne changeait pas d’opinion. Elle avait fait son choix de partir, avant de commettre une bêtise de plus, et elle s’était tenue à ce qu’elle avait décidé.
La plus jeune suivit la plus âgée à l’intérieur de la maison, ses yeux clairs se posant sur certains détails qui n’étaient pas inconnus à son esprit. La vieille dame capta ses coups d’oeils, et sa voix éraillée se fit enfin entendre.

- Peu de choses ont changé ici.
- Je le vois.

Le silence s’installa de nouveau, tandis qu’elles s’asseyaient l’une face à l’autre, Shay sur le vieux canapé, qui devait certainement atteindre l’âge approximatif de sa propriétaire et son hôte sur le fauteuil aux bords si usés, que le bois se faisait voir. La jeune fille ne savait pas vraiment quoi dire, pour briser la glace. Mais elle n’eut pas besoin de chercher longtemps. Son regard fut attiré par une photo sur la cheminée, et elle se leva prestement pour la rejoindre. Ses yeux ne cillèrent pas une seule fois, alors que les doigts de sa main droite se mirent à caresser les visages immobiles de l’image. Un pâle sourire nostalgique s’afficha sur ses lèvres et lentement, comme à contre cœur, elle reposa le cadre sur son rebord de pierre. Ses épaules s’étaient affaissées après la constatation que la vieille dame avait gardé une preuve de son existence... de leur existence. Shay finit par se tourner vers elle, et son interlocutrice pu alors constater les yeux humides de la jeune fille. Elle n’hésita pas un instant, et vint la prendre immédiatement entre ses bras fragiles, mais toujours aussi réconfortants qu’autrefois. Shay resta inerte une seconde, puis peu à peu, son souffle s’apaisa, ses paupières se fermèrent, les contours de son lèvres se relevèrent et elle entoura à son tour, la vieille femme de toute la chaleur dont elle pouvait être capable.

Le temps sembla s’écouler plus doucement, comme prit dans un sable mouvant d’émotions, qui les chamboulaient toutes deux. Shay se resserra encore un peu plus, se donnant la confirmation que ce n’était vraiment pas un rêve. L’odeur que dégageait la vieille dame lui rappela celle qui emplissait sa chambre lorsqu’elle faisait des cauchemars en pleine nuit et qu’elle venait la rassurer aussitôt. Elles se séparèrent enfin, chacune remarquant la gène de l’autre.

- Tu... tu as bien grandi. Commença la vieille femme.
- Je crois que c’est... ce qui se passe après cinq ans.

Le sourire gêné qu’elle lui adressa ensuite, adoucit ses paroles qui les avaient brutalement ramenées à la réalité.

- Oui... Oh Shay ! Mais où étais-tu passé ? J’étais si inquiète ! Morte d’inquiétude ! Un mot ! Tu ne m’as laissé qu’un mot !

La jeune fille détourna le regard, et se rapprocha du canapé, en traînant légèrement les pieds. Elle cherchait ses mots pour lui faire comprendre, pour qu’elle puisse accepter son choix, qu’elle puisse le saisir et le respecter.

- Vous savez...
- Non, pas la peine. Je sais que ce n’était pas ta faute !

Shay se tut à nouveau. Bien sur que c’était sa faute. C’était elle, la sorcière, pas celle qui l’avait recueilli. C’était elle qui avait utilisé ses pouvoirs, elle, qui était responsable de la situation. La vieille dame s’approcha, vint s’asseoir à ses cotés et lui prit les mains délicatement.

- Shay... hijita...

Elle lui posa la main sur la joue en une douce caresse réconfortante.

- Tu m’as tellement manqué... si tu savais... Tu... es devenue si... belle.

Les larmes perlèrent au coin des yeux de... sa tutrice, et Shay eut du mal à contenir les siennes.

- Qu’est-ce qui s’est passé ? Dis moi, pourquoi ne pas être restée avec moi après...
- J’avais besoin de prendre du recul. Et puis...
- Tu avais peur ?
- Oui.

C’était la vérité. Shay avait eu peur d’amener le désastre à nouveau et s’était enfuie sans attendre. A 12 ans. Incroyable pour certains esprits obtus, pas pour elle. Sa force de volonté en avait toujours surprit plus d’un, mais elle n’en avait que faire bien sur. Les avis qu’on pouvait bien avoir sur elle, ne l’intéressaient pas. Elle se contentait de faire ce qui lui plaisait, tout en étant astucieuse, réfléchie et pourquoi pas, sage. Chose parfois difficile, il fallait l’avouer au jeune âge de 12 ans, mais les années s’écoulant, elle avait prit en maturité incontestablement.
La vieille dame n’aurait pas dit le contraire. Elle s’était même fait la réflexion lorsqu’elle avait trouvé Shay sur le pas de sa porte. La gamine qu’on lui avait amenée n’était plus. Une jeune femme était née, beaucoup trop tôt à son goût. Mais à ce qu’il parait c’est toujours trop tôt pour les parents...

Shay, quant à elle, restait perdue dans ses pensées. Incroyable de constater le nombre de souvenirs qui lui revenaient en mémoire rien qu’en posant les yeux sur un infime détail, pourtant insignifiant. Lorsque son attention se posa sur la table basse, inchangée depuis toutes ces années, l’image de deux petites filles dessinant au feutre des esquisses de visages franchement peu reconnaissables, sembla se superposer avec la réalité et ce qu’elle pouvait en apercevoir. A vrai dire, la jeune fille, s’était perdue entre deux mondes. Passé et présent. Ce passé qu’elle avait laissé derrière elle, mais qu’elle ne pourrait jamais oublié et qu’elle traînait dans ses bagages depuis si longtemps à présent. Et ce présent qu’elle subissait, mais qui lui révélait chaque jour un peu les merveilles de ce monde. Pourquoi ne songeait-elle pas à l’avenir ? Tout simplement, parce qu’elle s’était habituée à ne pas essayer de rêver trop loin. Se projeter dans le futur était une capacité qu’elle enviait à tous, bien qu’elle puisse trouver cela faux, et inutile. Pourquoi dresser des plans alors qu’on ne sait pas de quoi serait fait demain ? Shay avait suffisamment vécue pour se rendre compte d’elle-même que prévoir n’est pas forcément une bonne chose. Imaginer telle ou telle situation pour la semaine prochaine, pourquoi pas... après tout, ce n’était pas si loin, non ? Mais... mais voir... plus loin, est-ce nécessaire ? Pourquoi ne pas se contenter d’aujourd’hui ? Au lieu de viser plus loin, et de délaisser, de cette manière, les instants présents.

- Shay ?
- Hum ?

La vieille femme la regardait droit dans les yeux, puis, lorsque les mots semblèrent s’approcher de ses lèvres pour former sa question, elle détourna le regard.

- Où étais-tu ?

Shay, contre toute attente, ne soupira pas. Elle ne se mit pas non plus en colère, et n’évita pas la question. Son cœur se réchauffa et un fin sourire doux vint éclairer son visage, alors qu’elle réfléchissait à la meilleure manière de répondre.

- Je me suis débrouillée. Je n’ai pas quitté Poudlard de toutes ces années.
- Mais... pour les vacances ?
- Ne t’inquiètes pas, je n’ai manqué de rien.

Sa voix s’était faite caresse, chaleur, et souffle rassurant d’une personne qui ne mentait pas, et qui tenait plus que tout à rassurer son interlocutrice. Shay n’aurait pas supporté de la voir s’inquiéter encore davantage après toutes ces années où elle l’avait laissé dans le silence. Cette femme l’avait recueillie, prit sous son aile, comme tous ces enfants qui avaient pénétré sa demeure avant elle. Oh, bien sur que Shay savait. Elle avait vu les photos. Tous ces visages qui semblaient la fixer doucement, montrant bien le bonheur qu’ils avaient eu de vivre au coté de... de cette sorte de grand-mère pour tous. Il faut dire qu’elle avait vécu d’excellents moments ici. Sa première famille... les premières personnes à l’aimer, et lui faire oublier cette grisaille naturelle qui voilait son regard sur la réalité. Oh, elle la possédait toujours, oui ! Mais elle devait bien avouer qu’à présent, elle savait profiter de l’instant présent et qu’elle le faisait sans se priver. Tant pis, pour les conséquences, enfin du moment qu’elles ne concernaient que sa propre personne. Elle n’était pas du genre, à se ficher de ce qu’il pouvait bien arriver aux autres.

Elle ne se souvenait pas vraiment de son arrivée ici. Elle avait le vague souvenir d’avoir suivi quelqu’un et que cette vieille femme lui avait ouvert la porte. Elle avait sûrement du lu jeter un regard mort, comme elle en avait l’habitude parfois. Nombre de personnes préféraient alors passer leur chemin et la laisser tranquille, ce qu’elle acceptait sans mal. Mais, elle... Elle ne s’était pas laissée impressionner et l’avait conduit jusqu’au salon, le même où elle se situait à présent.

- Je n’ai jamais reprit d’enfants tu sais.

Shay ne répondit rien. Ce qu’elle venait de l’apprendre lui serra le cœur. Tout ç a à cause d’elle... de sa magie... de son erreur. Elle longea la cheminée à nouveau, là où les cadres se tenaient toujours, et reprit le même. On y voyait trois visage d’enfants, trois gamins encore insouciants mais plus tout à fait, vu ce que leur avait réservé leur passé à chacun. Un garçon, et deux petites filles.

- Tu t’en veux toujours je suppose. Mais ce n’était pas ta...
- Si.
- Tu ne pouvais pas prévoir ce qu’il allait arriver.
- J’aurai du me contrôler.
- Prévoir les choses, c’est impossible et tu le sais bien.
- J’aurai du me contrôler.
- Tu étais qu’une enfant !
- Peut-être... mais ça reste ma faute.

Les deux prunelles claires de la jeune fille se posèrent sur le visage de gauche. Un sourire rayonnant l’accueillit, un sourire si chaud, si doux, si innocent, un de ces sourire qui vous donnerait les ailes. Un de ces sourires qui vous donnerait la force d’aller de l’avant, et de sourire à votre tour. Un de ces sourires qui réchauffe le cœur et qui nous donne envie de le protéger. Un de ces sourire qu’elle ne voir qu’en photo à présent. Shay reposa à nouveau le cadre.

Anaïs était morte, il y a un peu plus de 5 ans à présent. Mais la douleur restait ancré dans on âme, et elle ne s’effacerait jamais. Impossible. Shay se sentait beaucoup trop coupable. Et elle l’était ! Comment « la vieille » comme ils l’appelaient parfois, pouvait bien lui avoir pardonner ! Comment avait-elle fait pour tourner la page alors que la présence de sa première amie restait si forte à ses cotés. Il lui semblait que si elle se retournait rapidement, elle pourrait de nouveau croiser le regard calme d’Anaïs. Peut-être même qu’elle lui offrirait encore son magnifique sourire ? Shay sentit ses yeux la picoter. Elle inspira doucement, pour refluer ses larmes, et se détacha de la cheminée, sans même laisser son esprit lui ouvrir la porte de souvenirs liés au troisième enfant.

C’était si loin maintenant... si vieux tout ça, et pourtant si clair dans sa tête. Et la douleur faisait si mal encore. Elle n’en avait jamais parlé. Pas même à Ely. Pourtant, dieu seul pouvait savoir combien elles étaient proches toutes les deux. Ely... Shay laissa son esprit vagabonder sur leur première rencontre. Ah ah, sûrement un moment qui resterait gravé dans sa mémoire. Une rentrée à Poudlard ou... comment déstabiliser en parlant le langage des signes. C’était devenu une habitude pour Shay, un moyen de s’échapper, de fuir les rencontres et les liens avec les autres. Alors, lorsqu’on venait lui parler, et que son regard mort n’avait pas suffit pour éloigner les indésirables, elle s’appliquait à leur faire comprendre qu’elle ne parlait que le langage des signes. Ce qui était faux, évidemment. Elle entendait et parlait parfaitement. Elle n’avait pas vraiment fait attention aux personnes qui l’entouraient, jetant un coup d’œil de ci de là, de temps en temps, et ce fut ainsi qu’elle monta dans le train, qui la mènerait à Poudlard. Elle avait longé le couloir, et lorsqu’une cabine lui sembla moins remplie que les autres, elle se permit d’entrer, jetant à peine un coup d’œil aux deux filles qui s’y trouvaient déjà. Elle déposa sa valise au fond, à gauche en entrant, et observa le quai que l’on pouvait apercevoir de la fenêtre. Les deux filles discutaient entre elles, et il ne fallait pas être Merlin pour comprendre qu’elles étaient jumelles. La porte s’ouvrit soudainement sur des rires gras, appartenant certainement à des membres de l’espèce des limaces sans cervelle. Shay ne tourna pas la tête dans la direction des deux nouveaux venus, se disant qu’ils allaient logiquement se barrer. Mais il n’en fut rien. Au contraire, ils préférèrent entrer et montrer sans aucune honte l’immensité du gouffre qui les séparait de la lueur d’intelligence. Shay ne répondait jamais rien à leur question, et cela ne sembla pas leur plaire, même, ils semblaient s’agacer de son silence. L’un d’eux se permit de la toucher, et elle arqua son regard devenu sombre sur lui, le faisant taire par la même occasion. Sans leur laisser le temps d’en placer une ensuite, elle fit fonctionner ses mains, les insultant sans qu’ils ne le sachent. Peu à peu, ils comprirent certainement qu’ils n’avaient pas en face d’eux une fille dite « normale » par la gente masculine.

La suite de ce souvenir s’effaça lorsque sa tutrice posa sa main sur son épaule. Shay se tourna vers elle.

- Et tout va bien... là bas ?
- Oui...

Elle imagina Poudlard, ce grand château aux immenses couloirs, aux escaliers perturbateurs, aux salles de cours magiques. Elle passa les visages de ses proches devant elle, ceux de ses professeurs, de leur directeur. La jeune fille acquiesça silencieusement, songent que profiter des vacances pour faire face à une partie de son passé avait été une bonne idée. Alors doucement, elle ancra son regard clair dans celui, fatigué de celle qu’elle considérait comme une grand-mère, et avec un sourire à faire fondre n’importe quel cœur de glace, elle ajouta :

- Oui, j’y ai trouvé ma place.
Revenir en haut Aller en bas
Shay Whorin
Modo - Poufsouffle 7ème année
Shay Whorin


Nombre de messages : 805
Age : 35
Date d'inscription : 27/08/2008

Feuille de personnage
Age: 16 ans
Groupe: Elève et AD
Relations:

Shay Eleonore K. Whorin Empty
MessageSujet: Re: Shay Eleonore K. Whorin   Shay Eleonore K. Whorin Icon_minitimeMar 21 Avr - 17:42

~~~~~~~~~~~~


Si elle avait su, jamais elle n’aurait baissé sa garde. Il y a deux mois. Jamais, elle n’aurait laissé ses pensées la manipuler comme cela s’était passé. Maîtresse d’elle même depuis toujours, elle s’en voudrait à jamais. Peut-être bien qu’à présent, elle serait la princesse de glace comme on l’appelait enfant. Ils n’avaient pas tords. Des qu’elle avait pu s’échapper, elle l’avait fait, la fuite… sa meilleure arme. Après ses yeux. Ses yeux de glace.
Shay passa sa main sur son visage, effaçant rapidement les dernières traces de sa faiblesse. Les choses avaient mal tournées, c’est vrai, mais elle ne devait se battre. Faire face, comme toujours, et traîner son corps de jour en jour, comme elle l’avait promit. Rien ne serait assez fort pour lui faire oublier cette enfance, qu’elle avait vécu et où elle avait le plus apprit sur l’humanité. Ces enfants dont elle avait été entouré, chacun d’entre eux avait une histoire, avait un passé, parfois pire que le sien. Ils avaient quasiment tous eu dans les yeux cet éclat de panique, avant de tout laisser tomber. Dans leurs yeux dormaient les rêves qu’on leur avait mit dans la tête, avant qu’ils ne comprennent que sûrement jamais, ils ne seraient accessibles. Mais, il y avait autre chose la plupart du temps également. Une lueur qui s’était allumée dans les siens aussi. Tout du moins, pendant un moment. Cette flamme de liberté, d’espoir, de bonheur d’y croire, parce qu’on a plus que ça entre nos mains. Tous ces enfants avaient la force dans leur cœur de continuer d’avancer, parce que pour eux, c’était plus facile d’espérer, plus facile de penser que le lendemain serait meilleur. Pour certains, cela serait se voiler la face. Mais pas pour eux, pas pour ceux qui avaient été recueillie par la vieille dame. Elle et ses mains calleuses, et sa voix forte et douce à la voix, son regard si flamboyant, ses gestes réconfortants, son parfum qui entourait vos sens, et vous apaisait la nuit, lorsqu’elle passait dans le couloir. A chaque fois qu’elle apparaissait, les visages s’illuminaient et un halo lumineux de bonheur pur entourait les mômes. Peut-être bien qu’elle était sorcière elle aussi ? Oui, peut-être bien que sa magie ne venait que de son cœur, mais restait plus forte qu’aucune baguette que Shay n’avait encore rencontrée.

Joli passé en somme… Quelle gloire que d’être encore là après tout ça… Shay avait envie de pleurer et de rire à la fois. Quelle ironie pour la dame froide, aux expressions irréelles. Elle savait bien qu’au château, elle était invisible, comme elle l’avait souhaité. Elle savait bien qu’il lui arrivait de sourire et de parler faiblement, pour que les gens l’oublient, pour qu’elle ne paraisse pas étrange. Elle savait bien que ses pas se faisaient légers, qu’elle avait la discussion rare mais qui restait simple lorsqu’on lui adressait la parole. Elle savait bien qu’elle avait perdu de sa dureté, et qu’ailleurs, qu’autre part, dans un endroit où elle pourrait être elle-même, elle serait dure et glacial. Vent froid du Nord, qui avait gelé son cœur en passant par là.

Oubli de la vie.
Tempête imminente.
Regard vers le passé.

Qu’elles lui reviennent ces années, où elle avait apprit à aimer, comme tout être humain le faisait, comme chacun pouvait le comprendre, et le mettre également en scène. Elle était passée maîtresse en falsification. Oh oui, qu’elle était douée la petite poufsouffle pour se faire passer pour une être humain, elle, qui avait osé profaner le droit le plus précieux que cette terre n’eut jamais donné. Une aiguille sembla se pointer dans son cœur à cette pensée, et Shay se pencha vivement en avant, en portant ses mains à sa poitrine. Elle ne devait pas y penser, pas à tout ça, pas parce qu’elle venait d’apprendre une nouvelle, encore une, qui allait changer sa vie. Pourquoi ?
Les larmes recommencèrent à rouler sur son visage. Elle, si forte, elle ne devait pas flancher. Les autres faisaient tellement d’efforts, malgré leurs problèmes, ce n’était pas maintenant le bon moment pour s’autoriser cette faiblesse. Son cœur semblait cogner si fort… Si fort…

. : ¤ : .



Qu’es… Qu’est-ce qu’il était en train de se passer ? Les yeux agrandis par l’effroi, je tremblai de tous mes membres, face à ce spectacle, que je ne pouvais accepter. Un cri retentit à ma droite, mais cela sembla résonner à mes oreilles comme un bruit étouffé par du coton trop moelleux. J’avais froid… mon corps tremblait pour cela, non ? Et pas parce que ses yeux restaient vides de toutes expressions, n’est-ce pas ? De toute manière, elle jouait la comédie, j’en étais sure. Cela ne pouvait être autrement. Pourquoi tu me secoues ? Je… Je suis désolée, ce… ce n’était pas moi, je ne contrôlais pas. Mais tout ira bien, n’est-ce pas ? Elle va se réveiller ? Pourquoi tout ce rouge d’ailleurs ? L’un des enfants aurait-il renversé de la peinture dans ce coin ? Et il a fallu qu’elle tombe juste à cet endroit ! Ah ah ! On dirait presque… presque comme…

. : ¤ : .



Shay fit de son mieux pour calmer les battements effrénés de son cœur fragile, qu’elle pensait pourtant de pierre. Son souffle ralentit, et peu à peu, elle redressa la tête, pour croiser les prunelles d’Evan.
Evan… Les larmes lui revinrent encore, tandis qu’elle se maudissait pour se montrer dans cet état devant lui. Si fier serpentard, qui n’avait pas toujours été ainsi. Elle se jeta dans ses bras, la pensée qu’elle le dégoûtait peut être lui traversant l’esprit.

~~~~~~~~~~~~


Un bref froissement de tissu, puis, plus rien. Shay resta figée, les sens aux aguets. Son regard enregistrait le moindre détail, même infime, qui puisse l’avertir à l’avance. Les muscles bandés,elle restait calme, s’évertuant à analyser la situation avec précision. Il faisait sombre, pourtant la nuit n’était pas encore tombée. De hautes ombres de chaque côté la fit penser à une ruelle. Oui, mais laquelle ? elle tourna la tête sur sa gauche, jetant un coup d’œil aux poubelles situées là. Des boites en cartons, un sac plastique, quelques feuilles tombées il y a peu... la jeune femme fronça les sourcils, associant chaque information. Un bâtiment commercial. Elle n’était donc pas loin d’un centre ville. Seule le nom de cette ville lui manquait encore.
Ca et pourquoi elle rêvait de cette ruelle.

Shay se réveilla en sursaut, le cœur battant à un rythme soutenu. L’espace d’un instant, elle se demanda où elle se trouvait, avant qu’elle ne remarque les rideaux qui entouraient son lit. Un soupir s’échappa de ses lèvres tandis qu’elle baisait les yeux. Elle se passa la main sur le visage, chassant les dernières bribes de ce sommeil agité. La chambre semblait calme, ses camarades étaient peut-être déjà levées. Se souvenant de la date du jour, elle esquissa un sourire sans joie. Oui, pas de doutes, pour les sorties à Pré au Lard, elles étaient les premières debout. D’un geste empli de lassitude, elle repoussa sa couverture et se hissa hors de son lit. La Terre sembla alors tourner, tant ses jambes n’étaient pas stables. Pour le coup ; elle fut rassurée qu’aucune de ses camarades de dortoir ne la remarque dans cette position. Elle ne donnait pas cher de sa tranquillité ensuite, merci bien les ragots. Elle devait déjà faire face aux regards parfois de dégoût de ses congénères lorsqu’ils la contemplaient de hait en bas. Son style vestimentaire ne semblait pas plaire des masses. Grand bien leur fasse, elle n’avait que faire de leur avis. De toute manière, pourquoi porterait-elle de fausses lunettes et des fringues trois fois trop grandes tout droit sorties de chez « ringard land » si ce n’était pas pour provoquer de telles attitudes à son égard ? Dans un certain sens, cela l’amusait un peu. Jouer à la comédie était pour elle un exutoire à sa monotonie habituelle. Et, depuis le temps qu’elle jouait, elle était passée maîtresse en déguisement, bien qu’elle n’en use pas. Shay avait tant croisé d’hypocrites que jamais, elle ne supporterai de tomber dans ce gouffre. Se faire passer une moche légèrement débile qui n’était pas à l’aise en société, pourquoi pas, mais en aucun cas, commencer à dire ce qu’il faut, aux personnes qu’il faut, et au moment adéquate, juste pour se faire aimer. Elle faisait juste le contraire, d’ailleurs...
Effectivement, on la voyait que rarement avec d’autres élèves, si on la voyait tout court à vrai dire. Mis à part Evan, avec qui elle prenait soin de ne pas être vu, peu de personnes s’étaient intéressés à elle de manière non calculée. Quelques collègues de travail, quelques camarades de classe avec qui elle avait bien du échanger quelques mots à l’occasion, mais cela restait strictement du domaine des connaissances. Ils avaient tendance à fuir, mal à l’aise d’être vu avec elle par exemple. Shay eut un sourire ironique à cette pensée. Les gens souhaitaient tant respecter les convenances, alors qu’ils appréciaient l’esthétique avec un certain engouement qu’elle trouvait personnellement écoeurant. Se fier à l’apparence ? Quelle débilité. Débilité inconsciente en plus ! Combien de mangemorts ne s’étaient pas cachés derrière des faux semblants, manipulant ainsi à leur guise ? Et, elle-même, sur quoi jouait-elle pour conduire les choses comme elle le souhaitait ? Et cette idée fixe qu’adoptait un grand nombre d’élèves allait de paire avec l’appartenance à telle ou telle maison. Encore une fois, comment pouvait-on juger sur des critères aussi sectaires ? La maturité n’avait-elle pas atteint les plus âgés ? Ah non, il est vrai que les plus vieux pouvaient être les pires, baignant dans cette ambiance depuis tant d’années déjà.

La poufsouffle avait suffisamment attendu et son équilibre lui était enfin revenu. Elle entendit l’espace d’un instant, la voix profonde de sa grand-mère d’adoption qui l’accusa de ne as manger suffisamment. Shay haussa les épaules en réponse à son inconscient. Qu’est-ce qu’elle pourrait bien faire de la nourriture alors qu’elle n’avait pas faim ? Et de toutes façons, moins elle venait à table, et moins on se souvenait d’elle, non ? La jeune femme choisit quelques vêtements, qui ne la mettaient pas plus en valeur que les autres et disparut dans la salle de bain. Pendant qu’elle laissait k’eau la laver, elle eut la sensation que cette dernière la débarrassait de nombreuses pensées néfastes. Les paupières closes, Shay se détendit et les images qui avaient parsemé sa nuit s’imposèrent d’elles mêmes. Elle revit la ruelle étroite et se demanda pour quelle raison il faisait si sombre, alors qu’il faisait encore jour. Et ce fut là qu’elle rouvrit les yeux en grands. Sa main tourna le robinet d’eau chaude, faisant stopper l’écoulement et elle sortit sans attendre. Ses gestes se firent brusques et empressés, la jeune fille envoya balader sa chemise de nuit sur son lit, avant d’enfiler ses vieilles baskets noires et de dévaler les escaliers quatre à quatre. Elle passa en trombe dans la salle commune, créant un léger silence dans la pièce. Elle cru entendre néanmoins un vague « c’est qui cette fille ? ». Mais son attention se focalisa sur sa route, longeant rapidement les couloirs en direction de la sortie. Elle déboucha dans le parc, ne faisant pas attention aux regards curieux qu’on lui jetait ni à la fraîcheur de l’air et encore moins au fait qu’elle avait une allure… tout à fait lendemain de soirée. Ses joues rouges, ses cheveux légèrement emmêlés qui la suivait dans son dos, ainsi que l’absence de ses lunettes qu’elle tenait à la main, dévoilant enfin ses si clairs, tous ces détails attiraient l’œil, même si elle ne le remarquait pas. Shay passa le portail après avoir montré son passe, et ses pas prirent la direction de Pré au Lard. Elle ne fit pas attention aux boutiques traditionnelles où déjà se bousculaient de nombreux élèves, et prit sans attendre un ensemble bref de chemins, virages, et détours.
Arrivée à un cul de sac, elle arrêta sa marche et ses muscles se contractèrent automatiquement. Son regard se posa sur sa gauche, où se trouvaient quelques poubelles... et un frisson parcouru son corps. La même pâle obscurité que dans on rêve avait envahie la ruelle, et la poufsouffle leva la tête pour tomber sur ce à quoi elle avait pensé. Là, reliant les toits des deux bâtiments, des montages de morceaux de taule surplombaient le mince espace où elle se trouvait. Elle en avait entendu parler. Pour des soucis d’évacuation d’eau, il avait été décidé de construire une fine toiture, qui éviterait que des trombes d’eau envahissent la ruelle. Celle-ci, bloquée d’un côté par l’immense mur qui lui faisait face, et de l’autre côté, par les deux bâtiments, était un véritable sas anti filtrations. La communauté avait donc envisagé cette situation et faute de mieux, l’avait accepté.

Shay esquissa un geste instinctif de recul.

- Shay Whorin ?

Elle fit volte face, pour tomber nez à nez avec une bande de garçons légèrement plus vieux qu’elle. Elle serra les poings, amorçant un geste en arrière, geste qui n’échappa à celui qui venait manifestement de parler. Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres, que Shay détesta immédiatement.

- Alors, c’est toi ?
- Si oui, tu vas me serrer la main ?

Sa voix, dure, laissa transparaître sans l’ironie de ses propos. Shay n’avait pas vraiment peur, elle évaluait rapidement les risques, tandis que sa curiosité piquée au vif la clouait sur place. Comment connaissait-il son nom ? Que lui voulait-il ? Il du penser qu’il avait visé juste, car il s’approcha encore un peu plus près et reprit la parole.

- J’ai un message pour toi.

Shay l’encouragea silencieusement, d’un froncement de sourcil, et se figea lorsqu’il commença une série de gestes fluides. Au fur et à mesure de sa compréhension, le cœur de Shay accéléra sa cadence. Un tremblement de son bras droit la surprit et elle ferma les yeux pour refluer les sentiments qui remontaient à la surface. Impossible. Lorsqu’elle les rouvrit, elle était seule dans la ruelle.
Revenir en haut Aller en bas
Shay Whorin
Modo - Poufsouffle 7ème année
Shay Whorin


Nombre de messages : 805
Age : 35
Date d'inscription : 27/08/2008

Feuille de personnage
Age: 16 ans
Groupe: Elève et AD
Relations:

Shay Eleonore K. Whorin Empty
MessageSujet: Re: Shay Eleonore K. Whorin   Shay Eleonore K. Whorin Icon_minitimeMar 21 Avr - 17:43

Son cœur ne se calmait pas. L’impression d’étouffer se faisait si forte qu’elle en avait du mal à respirer. Elle se sentait faible, piégée de toutes parts et un long frisson glacé glissant le long de sa colonne vertébrale traduit sans mal son angoisse naissante. Elle avait toujours su inconsciemment qu’il savait qui elle était. Dans son regard, lorsqu’il le posait sur elle, brillait cette lueur étrange qu’elle n’avait jamais su interpréter. Maintenant qu’elle y repensait, peut-être même qu’il savait avant elle qu’elle n’était qu’un monstre. Dans ce cas... soit il connaissait l’existence du monde de la Sorcellerie, soit il en était un lui-même. Chose qui la laissa songeuse. Il aurait pu l’aider étant enfant, non ? Et dans ce cas, pourquoi n’était-il pas allé à Poudlard ? Shay tentait de comprendre mais la sensation que quelques détails lui manquaient était persistante. Et fortement désagréable.
Mécaniquement, elle reprit sa marche, souhaitant ne plus jamais voir cette ruelle de sa vie, et encore moins dans ses rêves. Elle écarquilla les yeux. Ses rêves ? Pourquoi s’était elle rendue dans ce endroit ? Parce qu’elle en avait rêvé. Et comment cet homme savait-il où la trouver ? Non... pure coïncidence, cela ne pouvait s’agir que d’un hasard. Hasard malheureux et déroutant mais hasard quand même. Elle s’obligea à se détendre même si le doute s’était dors et déjà insinuer sournoisement en elle. La jeune fille déboucha bientôt dans la grande rue commerçante et le contraste entre ses pensées noires ainsi que le décor où elle avait été plongée quelques secondes plus tôt, et les sourires joyeux qu’elle pouvait observer sur le visage de certains étudiants la saisit. Pouvait-elle encore faire semblant de n’être qu’une pauvre petite élève de 6ème année ringarde après cette prise de conscience ? La réponse était oui, évidemment. Elle n’appréciait pas d’être regardée de toutes manières. La foule, c’était pas son truc. Lorsqu’elle se fit bousculer pour la deuxième fois, elle poussa un soupir lasse et redirigea ses pas vers le pub de Pré au Lard. Elle n’était pas habituée à s’y rendre, même si le souvenir d’y être allé il y a moins de deux semaines restait légèrement flou, mais présent.

La jeune femme poussa la porte d’un geste ferme, et la première chose qu’elle remarqua fut la chaleur de la salle. Elle se sentie happée par une espèce de cocon chaleureux, dont elle n’avait pas l’habitude. Etait-ce cette ambiance qui l’avait rendue naïve lors de cette soirée là ? A moins qu’il ne s’agisse tout simplement du jeune homme qu’elle avait rencontré et qui l’avait accompagné au château, bien que cette partie de la soirée restait vague en sa mémoire, pour ne pas dire complètement effacée. Elle ne se souvenait pas de qui il s’agissait, mais, sans aucuns doutes, elle... était bien devenue une femme dans ses bras.
Son regard de glace balaya la pièce, s’attardant un quart de seconde sur certains visages, qui ne lui étaient pas inconnus, mais dont la réciproque était loin d’être vérifiée. Lorsque son attention se posa sur une silhouette qui ne lui était pas étrangère, elle s’avança félinement entre les tables jusqu’à la sienne. Ce garçon... Elle ne connaissait pas son nom mais se souvenait parfaitement de leur rencontre. C’était il y a deux ans environ. Et cette honte cuisante dont elle se souviendrait toute sa vie la poursuivrait à chaque fois qu’elle croiserait son regard. C’était un soir de janvier. Les profs semblèrent s’être calmés durant la semaine. Peut-être était-ce du à l’absence d’Ombrage ? Cette vieille pie avait du quitter la château quelques jours pour retourner au Ministère, et lorsque le chat n’est pas là, comme on dit, les souris dansent. Malheureusement pour certaines, elles peuvent danser, et très mal ! Shay avait décidé d’être tranquille, de s’offrir un week end sans filles, sans décérébrés mentaux qui l’obligeraient à se conduire en petite fille apeurée. Et pour cela, elle avait élu domicile dans la salle sur demande. Un week end, dans toute une vie ? Qu’était-ce donc vraiment ? En ce qui concernait la propreté, elle avait... hum, comme qui dirait écouté à quelques portes et enregistré le mot de passe donnant accès à la salle de bain des préfets et capitaines de Quidditch. Ce fut donc ce soir là qu’elle décida de s’offrir un bon bain moussant, comme elle en avait déjà vu en rêve. Elle s’était prélassé pendant si longtemps, qu’elle en avait oublié l’heure, et ce n’était pas déplaisant pour une fois de se détendre sans penser à rien d’autre qu’à remettre de l’eau chaude de temps à autre. Cependant... il avait bien fallu qu’elle revienne sur Terre, et pour cela, sortir de la baignoire gigantesque ET s’habiller. Manque de pot... s’habiller sans habits n’avait jamais été chose aisée, même pour une débrouillarde comme elle ! Ce fut donc dans la plus grande discrétion qu’elle s’efforça de longer les quelques couloirs qui la séparait de la salle sur demande, avec pour seul cache, une petite serviette, qui ne cachait pas grand-chose de son corps, ou tout du moins, qui laissait facilement imaginer. Aussitôt, et malgré tous ses efforts, une légère rougeur lui monta aux joues et pour se donner contenance, Shay posa sa main sur le dossier de la chaise, se trouvant face à celle du serpy.

- Est-ce que c’est libre ?

~~~~~~~~~~~~


Quelle heure déjà ?
Shay entrouvrit un œil, déjà lasse de cet effort. Apparemment, vu la luminosité de la pièce, la nuit n’était pas finie. Le faible soupir qu’elle se permit de laisser échapper réveilla la douleur qui habitait son corps entier. Au gémissement qu’elle ne su retenir, des bruits de pas retentirent. Bientôt, une silhouette féminine aux gestes brusques et pourtant habiles, s’activa dans la pénombre qu’elle peinait déjà à discerner. Les froissements de tissus arrivèrent plus près et une voix se fit entendre à ses oreilles. Tiens, il ne lui restait que les oreilles où la douleur n’était pas présente, de toute évidence. Charmant en tout cas.

- … mieux ?

Shay n’entendait que par vagues, encore embrumée de sommeil… ou d’autres choses ? Elle avait beau tenter de se remémorer, impossible de se souvenir. Ni d’où elle se trouvait, ni de la personne qui se trouvait à ses cotés et encore moins de la raison pour laquelle elle se trouvait en ces lieux si sombres. Qu’est-ce qu’elle avait encore pu fabriquer cette fois ? Une sensation de fraîcheur se diffusa alors sur son front, la poussant à fermer ses paupières en un signe d’apaisement. Malgré sa méfiance habituelle, elle se laissa aller dans les bras de Morphée, et les bruits sourds autour d’elle s’évanouirent.

Ce fut le bruit de casse qui la tira de nouveau des bribes de sommeil dans lesquelles son corps appréciait se prélasser. Elle n’eut cette fois aucunes difficultés à ouvrir les yeux pour poser son regard autour d’elle. Immédiatement, elle nota les détails qui avaient changé depuis la matinée. L’infirmerie, puisque c’était là où elle se trouvait, avait peu gagné de patients, et encore moins de ceux qui ont besoin de s’allonger. En vérité, elle avait été la seule toute la journée, quelle que soit l’heure à laquelle elle avait émergé. Il s’avéra d’ailleurs que lors de la nuit précédente, la silhouette sombre n’était autre que Mrs Pomfresh, l’infirmière ou gardienne de ces lieux, aux choix. Elle s’était occupée de la jeune Poufsouffle avec patience et s’était montrée tout à fait compétente face à ses blessures. Shay songea avec amertume qu’elle devait avoir l’habitude à présent. Depuis le début de l’année, elle était loin d’être la seule à avoir passé le seuil de l’infirmerie après quelques… douces tortures. Le souvenir de ces yeux où s’éclairait une lueur d’excitation à chaque fois qu’elle se tordait de douleur lui revint en mémoire et elle tourna la tête, cherchant un détail qui occuperait son esprit. Elle sentit un poids lourd atterrir sur ses jambes et la surprise faillit lui faire manquer un battement de cœur. Elle baissa les yeux jusqu’au bout de son lit, là où dorénavant se tenait un chat noir, roulé en boule sur le lit. Bientôt, un ronronnement s’éleva dans les airs, et comme certains l’avaient énoncé, elle en ressentit comme une certaine relaxation. Son regard se fit plus doux, ses muscles qu’elle avait contracté sans même s’en rendre compte se détendirent, et ce fut pour cette raison qu’elle risqua la crise cardiaque.

- Qu’est-ce qui a fait ça !!

Outch. Douloureux retour sur Terre. Pomfresh, fier petit bout de femme, présente depuis déjà tant d’années, se tenait, les mains sur les hanches et l’œil soupçonneux à la sortie de son bureau. Shay se surprit à avaler difficilement sa salive, tandis que l’infirmière tournait la tête dans sa direction. Aussitôt que ses yeux s’abaissèrent pour rencontrer le chat, elle jeta un coup d’œil au verre brisé qui gisait lamentablement sur le sol, avant de se précipiter vers le lit de la jeune fille. Elle attrapa le chat, qui, furibond d’être ainsi dérangé, en profita pour planter ses griffes dans les mollets de la jaune et noir.

- Oh… désolée, marmonna la vieille dame, lorsqu’elle s’en rendit compte. Comment ça va à présent ?
- Mieux.

Shay ne mentait pas. Elle avait mal, oui, mais rien d’insupportable. Si sa sortie était retardée pour le moment, ce n’était que par précaution, et peut-être aussi parce certaines de ses blessures restaient inquiétantes. Oui, bon, en même temps, elle n’avait pas fait que tenir tête à un professeur non plus. La jeune femme revit le visage du policier moldu qui l’avait emmené au commissariat et préféra fermer les yeux une brève seconde pour s’effacer cette scène de sa mémoire. Elle sentit plus qu’entendit l’infirmière s’éloigner et bientôt le bruit d’une porte que l’on ferme raisonna. Shay inspira doucement, commençant à s’ennuyer fermement. Elle avait passé une partie de la nuit et toute la journée en ces lieux et ne pas bouger pendant un si long moment ne lui correspondait pas. Elle tourna la tête vers la table basse, où reposaient ses pauvres lunettes grotesques, instrument de son perpétuel déguisement, qui pour le moment, avait perdu l’un de ses faux verres. Une moue résignée sur les lèvres, elle savait qu’elle allait devoir s’en occuper.

~~~~~~~~~~~~


Elle ne resta pas longtemps là. Un bras l’agrippa, sans brusquerie, si bien qu’elle se laissa aller. De toutes manières, tout semblait l’entourer pour lui casser les oreilles. Aïe, pas trop vite, trop de courbatures. Son esprit manquait de clarté. La situation ne permettait cependant pas qu’elle s’arrête et tente de retrouver ses capacités. Shay avait les cheveux détachés, elle ne savait comment, et ceux-ci glissaient devant son visage, l’empêchant par moment de voir le visage de la personne qui la tenait. Un coup d’œil néanmoins lui apprit qu’il s’agissait du préfet en chef. Un pale sourire étira ses lèvres. Il faisait bien son boulot celui là. A moins que ce ne soit son caractère de gryffondor ? Allez savoir, elle se laissa pourtant emporter, sans rien demander, se doutant qu’il allait la laisser pour chercher d’autres personnes ensuite. Il devait être de ceux qui avaient grand cœur, qui voyait du bon en chaque personne. Enfin, qui était-elle pour savoir la moindre chose de la personne qu’il était ?

- Oh merde ma tête… murmura-t-elle, avant de se tenir le front, comme si celui-ci allait tomber.

Qui s’était amusé à installer des sonos moldues dans son crâne ? Si elle tenait cette personne, elle allait lui apprendre à s’amuser dignement. Pour le moment, Shay avançait, ou semblait tout du moins essayer. Trop de bruits, trop de cris. Taisez vous. Ne courrez pas. Un gémissement traversa ses lèvres.

- S’il vous plait…

Supplier n’était pas son genre, mais, les yeux fermés avec force, son cœur sembla se soulever et elle se fichait bien de dire ou non ces mots à cet instant là. Pour quelles raisons cette fois la torture ? Elle avait fait quoi encore ? Pas de sachet de drogue sur elle ce soir, et il en serait toujours ainsi. Evan ? Elle ouvrit en grand les yeux, se maudissant l’instant suivant, lorsque les pics s’enfoncèrent de nouveau dans sa tête. Où était-il ? Pourvu qu’il n’est rien fait de stupide, non mieux, pourvu qu’il n’était pas là. Allez, les bals ce n’étaient pas son genre, hein ? Shay espérait ne pas se tromper, sinon l’inquiétude allait aller croissante.
Gabriel finit par la lâcher pour marcher devant elle, ouvrant un chemin dans la foule d’élèves. Elle l’aurait bien remercié, si elle n’avait pas la sombre impression qu’en ouvrant la bouche, ce serait son cerveau qui la maudirait, comme si ses mots résonnaient dans sa tête à plein volume. Il la sortit de la Grande salle, et se tourna vers elle pour lui parler. Pas l’air d’aller bien ? Meuuuh non, ce n’était qu’une impression, une… illusion d’optique. Elle pétait le feu là en vérité.

- Je vais… bien.

La jeune fille se redressa, moins fièrement qu’elle ne l’aurait voulu, mais c’était déjà ça. Elle prit sur elle pour inspirer de l’air enfin pur, et ferma brièvement les yeux. Une fois qu’elle les eut rouverts, elle planta ses prunelles claires dans celles du gryffondor.
Tout d’abord, ce fut un flash qui la prit de court. Elle se vit dans ses bras une brève seconde, mais suffisante néanmoins pour la faire reculer d’un pas. Elle secoua sa tête ensuite, pour s’enlever ces images. Tsss, elle n’était certainement pas une des groupies du jeune homme ! Jamais, elle n’aurait de telles pensées à son égard ! Surtout sans le connaître ! Et même, en le connaissant, non mais ! La poufsouffle se reprit, ayant arrêté le rouge qui lui montait aux joues avant que ce ne soit trop tard, et s’adressa à lui plus posément qu’au départ.

- Rogue avait décidé de… profiter de la soirée pour inculquer certaines valeurs aux élèves. Et… après, je ne peux pas t’en dire plus, désolée.

Comme si elle allait lui dire qu’il avait voulu prouver qu’il était en maître en magie noire, en la prenant, elle, comme exemple. Ben bien sur, elle n’était pas ce genre de personnes à demander à tout bout de champ qu’on les plaigne. Jamais de la vie.
Elle se rendit compte qu’elle ne portait pas ses lunettes, les ayant ôté pour mettre le masque dans la soirée. Celui qui lui avait servi à s’approcher du gossip sans être reconnu. Le souvenir qu’elle lui avait donné une gifle lui revint en mémoire, et une bouffée d’angoisse l’accompagna en même temps. Elle tourna la tête vers la salle vivement, tout en remettant ses grosses lunettes sur son nez, cachant ainsi ses yeux. Peut-être que le poufsouffle était toujours dans la salle ? Comme tant d’autres qui n’étaient pas parvenu à sortir ?

- On devrait aller voir si tout le monde va bien à l’intérieur.

Elle retrouvait peu à peu son souffle. Souffle... Un coup d’œil en direction du jeune homme l’intrigua. Elle fit un pas vers lui, et posa sa main sur son front.

- Tu te sens comment ?

Elle ne touchait pas les gens, et n’aimait pas être touchée. Mais en de pareilles circonstances, elle pouvait laisser trente secondes son masque de coté, pour… l’occasion. Demain, il serait toujours temps de redevenir la niaise que tout le monde connaît. Bien que le préfet sache lui, qu’elle aimait bien patiner de bon matin, sans que personne ne le sache. >.<
Revenir en haut Aller en bas
Shay Whorin
Modo - Poufsouffle 7ème année
Shay Whorin


Nombre de messages : 805
Age : 35
Date d'inscription : 27/08/2008

Feuille de personnage
Age: 16 ans
Groupe: Elève et AD
Relations:

Shay Eleonore K. Whorin Empty
MessageSujet: Re: Shay Eleonore K. Whorin   Shay Eleonore K. Whorin Icon_minitimeMar 21 Avr - 17:45

~~~~~~~~~~~~


Magnifique ! Elle pouvait voir dans ses yeux, son attitude, son aura même qu’il avait entendu quelques bribes de la conversation entre elle et l’infirmière. Elle se repassa rapidement les termes utilisés et se permit alors un soupir, tout allait bien, il n’y avait rien de vraiment compromettant. Pour avoir déjà vu Gabriel parler avec l’autre poufsouffle de malheur, et sans animosité d’ailleurs, elle s’était doutée qu’il y avait anguille sous roche. Mais étant ce qu’elle était, ne s’était pas intéressée, plus que cela. Néanmoins Felhov était l’une des rares bêtes noires de la jeune fille, et jamais, oh grand jamais, elle ne lui donnerait l’occasion de recommencer ce qu’il avait fait. Elle ne savait rien de la relation entre lui et le préfet en chef, mais, Shay préférait éviter de prendre des risques inutiles. Et puis même, comment pourrait-elle le regarder de nouveau en face s’il était au courant, hein ?
Elle laissa Pomfresh donner ses instructions pour chacun d’entre eux, remarquant au passage que Gabriel semblait presser de les quitter. En un sens, elle était satisfaite, cela signifiait que sa compagnie ne lui était pas agréable et que merci bien, il allait être débarrassé, mais une part d’elle-même, comme à chaque fois qu’elle jouait se détournait pour ne pas voir ce spectacle. Tant pis, il y avait peu de chances pour que leurs chemins se recroisent à nouveau alors bon, mieux valait qu’ils effacent cette soirée, non ? Enfin, pour sa part, elle avait encore à discuter avec Evan de l’attitude qu’il avait eu ce soir, et dont venait de lui parler l’infirmière. Mais, qu’est-ce qui était passé dans la tête de ce crétin pour se mettre en danger ainsi !
Juste avant qu’il ne parte, elle tourna la tête vers lui, le suivant des yeux jusqu’à la sortie, et eut un sursaut lorsqu’il se retourna et la regarda. Hein ? Qu’est-ce qu’il racontait ? La seule fois où ils s’étaient vus, c’était dans le parc, et c’était en matinée. Elle haussa un sourcil, perdue. Non, elle avait beau se remémorer, durant les années où elle avait vécu au château, elle n’avait jamais été seule avec lui un soir. Et comment ça « je sens bien quand quelqu’un… » ? Qu’est-ce qu’il sentait ? Avait-elle été trop fine, et finalement, il pensait qu’elle le détestait ? Un rictus mi ennuyé, mi gêné vint étirer ses lèvres, alors qu’il était déjà sorti. Les choses devaient se passer comme ça, comme on dit, hum, c’est le… destin ? Là, son sourire devint plus ferme et sincère, oui, le destin… La pensée « jamais deux sans trois » l’effleura, mais elle la chassa rapidement. Non, Gabriel Cinelli et elle n’avait rien en commun. Comment auraient-ils pu se supporter, n’est-ce pas ?
Elle ne fit pas attention à la pointe douloureuse dans sa poitrine, dont elle ne comprenait pas l’existence et se tourna de nouveau vers l’infirmière. Elle prit les fioles avec une mimique de dégoût sur le visage, mimique qui entraîna l’expression sévère que tout le monde connaît bien chez l’infirmière.

- Miss Whorin, vous me ferez le plaisir de prendre ça immédiatement !
- Mais…
- Mais, rien du tout ! J’attends.

Alors, à cet instant, Shay remercia le « destin » que personne ne se soit trouvé dans la pièce. Surtout lorsqu’elle adopta une mine boudeuse d’enfant capricieuse. Ce qui ne fit même pas vaciller l’air légèrement revêche de la dragonne.

- Oh non, vous ne m’aurez pas avec ça, miss.

Shay lâcha un soupir vexé, tout en tournant la tête, et Pomfresh cru entendre un vague « c’est pas juste » avant que la jeune fille ne prenne les fioles une à une, tout en gardant sa grimace de dégoût constante.

- Très bien, dit l’infirmière, une fois qu’elle fut certaine que Shay avait prit toutes les fioles. Maintenant, venez, je vais vous conduire à votre lit pour la nuit.
- Quoi ?!

Shay n’aurait pas plus halluciné si on lui avait dit que MacGo était un homme.

- Et bien oui, miss, vous ne pensiez tout de même pas que j’allais vous laisser partir après ce qui s’est passé ce soir.
- Mais, il ne s’est rien passé ce soir !
- Ne me prenez pas pour un botruc, Minerva m’a déjà mise au courant. Alors maintenant, cessez de faire l’enfant et venez vous allonger. Tenez, vous pouvez prendre cette che…
- Non ! Mais non ! J’en ai pas besoin ! J’ai déjà passé suffisamment de temps ici.

L’infirmière se tourna vers elle, le visage impassible puis s’avança.

- Quand on a vécu quelque chose comme ce qui s’est passé, on n’en ressort pas indemne. Je suis certaine que vous n’en avez parlé à personne d’ailleurs.

Shay était d’autant plus agacé qu’elle avait raison.

- Pourquoi faire ? J’vois pas qui ça intéresserait, à part pour alimenter les rumeurs peut-être…
- Ah, je vois, c’est vrai que vous n’aviez pas été épargnée par cela.
- Je m’en fiche, c’est du passé à présent.
- Peut-être… mais pas ce qui s’est passé lors de votre dernière hospitalisation.

Shay leva ses yeux clairs vers elle, et durant de longues secondes, un silence persista dans l’infirmerie. Bientôt cependant, un léger murmure s’éleva, alors que l’élève détournait la tête pour s’allonger correctement.

- Ce… n’est pas grave, non plus.
- En êtes vous sure ?

La voix était douce, et bienveillante. Elle n’avait pas de réelle rancœur envers Pomfresh, mais elle ne pouvait pas parler aussi facilement. Même à sa grand-mère d’adoption, elle n’avait rien dit, si ce n’était pour s’excuser et avouer qu’elle se sentait coupable.

- Madame Pomfresh… oubliez ça, d’accord ? C’est fini maintenant, et rien ne pourra nous faire revenir en arrière.
- D’accord… néanmoins, est-ce que vous êtes la seule au courant ?
- Mise à part vous, oui.
- Et ne pensez vous pas, qu’il faudrait…
- Non. Non, à vrai dire, je ne sais…

Voyant qu’elle l’avait poussé presque au bout de ses retranchements, l’infirmière se redressa et posa une main rafraîchissante sur la front de la demoiselle. Elle lui adressa ensuite un sourire chaleureux, et se détourna après lui avoir souhaité bonne nuit.

~~~~~~~~~~~~


Ca faisait si mal à l’intérieur… elle aurait voulu pouvoir se venger, frapper jusqu’à tout briser. Ses poings s’enfonçaient toujours plus loin dans le punching ball, et la chaleur montait en elle, comme un puissant brasier indomptable. Dans ses yeux, brillaient une lueur de volonté, une lueur de haine, de douleur aussi. A cause d’eux…
Elle ferma les paupières si fort, qu’aucune luminosité extérieure ne pu être observable. Non, tout était noir, comme dans son cœur en cet instant. Elle avait à peine conscience du vent qui l’entourait, de sa magie qui s’échappait, de la perte de contrôle de ses émotions. Elle ne voyait rien, si ce n’est le fait que tout allait contre elle. Rogue avait voulu la montrer devant tout le monde ? Savait-il qu’elle aurait pu le blesser aussi ? Non… bien sur que non, elle se serait contenue. Ici, elle pouvait. Ici, elle ne risquait rien. Ce fut à ce moment qu’elle reprit conscience de la présence d’Evan à ses cotés. Un vague coup d’œil glacial lui apprit qu’il recommençait son putain de manège à la con. Qu’est-ce qui pouvait l’attirer dans cette merde qu’était la drogue, hein ? Comme « lui »… Comme « lui » qu’elles avaient perdues. Non, Ana n’était plus là, elle aurait au moins échappé à cela. Mais Shay, elle avait du faire face, tout ça c’était de sa faute, en même temps, non ? Et n’était pas pour cela qu’elle était partie aussi ? Comment aurait-elle pu rester après ce qu’elle avait fait ? Oter la vie à sa lueur d’espoir ? Garder en elle, les regards de haine qu’on lui avait adresser, même là bas ? Là bas où on l’avait pourtant accepté sans mal, à son arrivée.
Elle ne devait pas perdre le contrôle, pas encore cette fois.

Evan osa s’approcher ensuite, et lui proposer de « tirer une latte ». Tsss, comme si elle céderait jamais à ce truc, qui avait bousillé tant de vies avant celle d’Evan. Elle planta son regard d’acier dans le sien, et se recula du sac. Instant suspendu. Bref cependant, puisqu’elle lança son pied droit en avant, qui vint à la rencontre du matériel sportif prévu à cet effet. Elle avait gardé son regard glacé fixé à celui d’Evan. Impénétrable.

Et recommença à frapper droit devant elle, sans plus s’occuper de son meilleur ami. Même si en cet instant, en cette soirée de dimanche, lendemain de bal, elle n’était plus rien. Avait-elle déjà été quelque chose de toute manière ? Trop tard pour qu’on la transforme en être humain à présent, oh non, la vie avait suivie son cours, la laissant de coté, comme une tache dans le décors. Avait-elle décidé elle-même ? Probablement. S’être détachée de tout, pour mieux se punir elle-même, pour mieux éviter la confrontation. On verrait plus tard. Et puis, un jour, elle s’échapperait, elle mourrait, s’éteindrait, avec le froid qui habitait si souvent son cœur. Non, pas le droit de dire ça. Et pourquoi pas ? Regarde toi, regarde autour… Tu vois leurs sourires ? Est-ce qu’il t’arrive à toi de sourire ainsi ? Est-ce que tu crois pouvoir profiter de chaque instant avant qu’il ne soit trop tard ? Mais, il est déjà trop tard, non ? Cela s’est éteint, pas vrai ? Peut-être bien, tu as raison…
Shay referma les yeux, se plongeant dans les profondeurs de son âme. Elle aurait voulu pouvoir se détacher, sortir de sa vie, rien qu’une fois. Elle avait tant fait d’efforts, plus qu’elle le pensait elle-même. Malgré le fait de ne pas avoir de parents, d’avoir été abandonnée, et traînée de famille en famille, n’avait-elle pas gardé la tête haute, envers et contre tous ? N’avait-elle pas accepté finalement la main tendue de tous ceux qu’elle avait rencontré chez sa grand-mère d’adoption ? Thomas… Peter… Zoé… les jumeaux… Anaïs… Et la grand-mère.
Et encore après ?
Quoi après ?
Ici…
Oui, ben quoi ?!
Regarde autour de toi… Regarde ces élèves, n’ont-ils pas vécu tout comme toi, des instants difficiles. Tu le sais, tu les as observé. Tu t’en es toi-même rendue compte petite fille.

- Ne m’appelle pas comme ça !

Elle redoubla d’efforts contre son punching ball, et s’il s’était avéré être un être humain, elle en aurait certainement fait de la chair à canon. Elle donnait tout ce qu’elle avait, sans faux semblants, sans jouer la comédie. Son cœur saignait, et elle n’arrivait pas à l’arrêter. Peut-être parce qu’elle n’y songeait pas ? Elle ne se rendait compte de rien, petite poupée désarticulée, à qui on n’a pas vraiment apprit à être. Elle ne voyait que tout ce qui avait pu se passer, toutes les ombres qui l’entouraient, toujours un peu plus.
Elle entendit comme dans un épais brouillard les paroles d’Evan l’atteindre. Les Carrow et Rogue ? Elle se détacha du sac, et en deux pas, fut devant lui. Sa main s’abattit sur le mur, paume à plat, à droite d’Evan. Presque aussitôt, elle sentit la chaleur de la douleur envahir sa main, mais, elle n’en avait cure. Son regard accrochait celui de son meilleur ami, et le souffle légèrement haletant, elle usa d’une voix, presque menaçante :

- Non, ils sont à moi…

Un pic de glace vint se planter dans sa poitrine, et avant qu’elle n’ait pu les arrêter, les mots s’échappèrent.

- Ils n’avaient pas le droit…

Elle se détourna, offrant le profil d’une jeune fille, un peu perdue.

- Pas le droit…

Pas le droit à quoi petite fille ? Ne m’appelle pas comme ça ! Allez dis le, dis le, que ce ne sont pas les tortures qui te font le plus mal, hein ? Qu’est-ce que tu en sais ?! Je sais tout de toi… petite fille. Tout, jusqu’au fait qu’ils t’ont fait perdre…

- Qu’ils m’ont fait perdre mon bébé ! Oui je sais ! Tais toi maintenant !

Elle attrapa sa tête entre les mains, et pliée en deux, essayait de retrouver ses esprits, de faire fuir cette voix qui parfois lui montrait toute la réalité de la situation.
Revenir en haut Aller en bas
Shay Whorin
Modo - Poufsouffle 7ème année
Shay Whorin


Nombre de messages : 805
Age : 35
Date d'inscription : 27/08/2008

Feuille de personnage
Age: 16 ans
Groupe: Elève et AD
Relations:

Shay Eleonore K. Whorin Empty
MessageSujet: Re: Shay Eleonore K. Whorin   Shay Eleonore K. Whorin Icon_minitimeMar 21 Avr - 17:46

~~~~~~~~~~~~


Très bien. Shay força les tremblements dans ses jambes à cesser le plus rapidement possible. Une fois son corps maîtrisé, elle tourna son regard vers son professeur, pour finalement l’entendre dire que ce n’était pas fini, et même ! Que c’était reparti pour un tour d’illusions. Shay grogna d’agacements mais ne pipa mot, elle avait accepté les conditions. Il fallait juste avouer que c’était frustrant de devoir faire face à des sortilèges dont elle ne connaissait absolument rien. Effectivement, ce domaine magique lui était proprement inconnu, et elle n’avait certainement aucunes affinités avec ce genre de sortilèges. Shay sentit le flux magique pénétrer son cœur et l’enserrer brièvement, comme pour se diffuser dans tout son corps. Elle ne pu retenir un frisson et ferma les yeux une demi seconde, pour les rouvrir sur un autre décor.

Harmonie Pleader avait disparue de nouveau, et à la place où elle se trouvait plus tôt, se tenait un piano brun. Le cœur de Shay manqua un battement en le voyant. Elle aurait pu le reconnaître entre mille, ce piano… celui où elle avait connu la musique. Elle s’approcha timidement, presque craintivement, comme si elle aurait pu le casser, rien qu’en l’effleurant. Elle se souvenait parfaitement de toutes ces heures qu’elle avait passé à ses cotés, se renforçant de cette énergie qu’il lui communiquait. La jeune fille s’arrêta derrière le clavier, et hésita. Pouvait-elle vraiment ? Elle ne devait pas perdre de vue que cet univers n’était pas le sien, et que le professeur l’y avait plongé. Mais rien qu’un instant ? Il n’y avait pas de piano à Poudlard, et la sensation dans ses doigts qu’elle connaissait si bien lui montrait sans détours qu’elle en mourrait d’envie. Peu de choses attiraient Shay mais lui… il en faisait parti. Elle s’assit, fébrile, sur le siège de bois. Pas de coussins, pas de cuir comme pour les grands pianistes et peu importe, tant que la musique était là. Elle approcha ses doigts, ces derniers frémissant déjà des notes qu’ils allaient faire s’évader de cet instrument si majestueux. Elle ferma les yeux et posa ses mains sur le clavier.

Bam.

Bam, bam, bam.

Elle rouvrit les paupières, pétrifiée. Non… Là, sous son regard qui trahissait la douleur, les touches s’étaient les unes après les autres effondrées, sans qu’elle n’eusse rien fait.

*Merlin, ne me laissez pas*

Elle était toujours là, à se demander ce qui venait de se passer, lorsque la porte claqua. Comment avait-elle fait pour ne pas la remarquer alors qu’elle connaissait cette pièce dans tous ses détails ? La lumière qui venait du couloir entourait la silhouette qui se dessinait dans l’embrasure. Ses yeux s’ouvrirent davantage et elle cru défaillir. Comment le professeur pouvait-elle connaître tout ça ? Aucuns doutes, elle usait de ses propres souvenirs, de ses propres faiblesses. L’horreur du se peindre sur son visage, en comprenant ce que cela signifiait. Mais, elle n’eut pas plus de temps de s’interroger plus en détails qu’une voix s’élevait, forte et incisive.

- Non mais qu’est-ce que tu as fait ?! Qu’est-ce qui t’as prit Shay !!

La jeune fille tressaillit. Elle ne lui connaissait pas ce ton envers elle habituellement. Même envers les autres à vrai dire. La grand-mère ne s’était jamais exprimée de cette manière, à sa connaissance, et que cette fois, cela soit contre elle, ça la dépassait. Ce n’était proprement pas possible.

- Tu ne réagis même pas ! Toujours avec ce pia… Mais ! Tu l’as cassé !
- Non, je…
- Tais toi ! Je n’arrive pas à croire que tu ai pu faire ça !

Shay fronça les sourcils, perturbée. Non, quelque chose clochait. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, n’est-ce pas ? Elle n’avait rien fait, ce n’était pas elle.

- Mais… les touches…
- Quoi ? Tu vas me dire qu’elles se sont détruites toutes seules peut-être ?

Shay voulu répondre, mais elle n’en eut pas le temps. La vieille dame s’était approchée, la laissant ainsi pouvoir contempler son visage, d’accoutumé si chaleureux, mais qui, en cet instant, reflétait une colère qui la laissa statufiée.

- Tu n’es qu’une menteuse ! J’aurai du le voir quand ils t’ont amené au début, un monstre comme toi, c’était certain. Mais que tu fasses ça à Anaïs !
- Qu… quoi…

La vieille dame tourna de nouveau son regard qu’elle avait dévié sur le clavier du piano, sur la jeune fille, la fusillant sur place. Elle lui attrapa le bras, et Shay ne chercha pas à se débattre. Jamais, elle ne pourrait faire de mal à cette femme. A ses cotés, elle n’était qu’une enfant.

- Contemple ton désastre Shay, regarde la !

Elle l’avait mené jusqu’au salon, où au sol, s’étendait un corps. La poufsouffle ouvrit la bouche pour crier, mais en fut incapable. Sa main se porta à ses lèvres qui tremblaient déjà, et dans son cœur, on avait enfoncé un pic embrasé. L’expression de son visage trahissait de l’horreur qu’elle éprouvait. Elle se laissa tomber aux cotés de son ange, les larmes commençant enfin à couler.

- Non, pas encore…
- Eloignes toi d’elle !

Mais elle n’entendait pas, elle ne les percevait même plus. Eux, tous ceux qu’elle avait connu dans son enfance, toutes ces têtes d’enfants, de jeunes ados qu’elle avait côtoyé, parfois pour plus d’un an, parfois pour une semaine. Shay avait approché son bras du visage de l’enfant. Oui, parce qu’Anaïs n’avait pas vieilli, elle était toujours telle qu’elle l’avait laissé ce jour là. Telle qu’elle garderait le souvenir en elle, jusqu’à la fin. Elle avait mal, tout en elle menaçait de sombrer. Shay se balançait d’avant en arrière, anéantie, fixant toujours ces yeux qui ne se fermeraient plus jamais d’eux même. Elle ne se rendit pas compte qu’on la soulevait et ce ne fut qu’une fois que la voix du garçon résonna à ses oreilles pour la deuxième fois qu’elle daigna se tourner vers lui.

- Pourquoi tu as fait ça ? Comment tu as pu ! Tu…

Mais elle ne le laissa pas finir, et alors que tout autour d’elle, des murmures s’élevaient, de peur, de haine surtout, mais d’incompréhension également, Shay se mit à courir vers la porte d’entrée. Elle l’ouvrit en grand, le regard flou des larmes encore présentes, et l’entendit crier avant de quitter la pièce.

- Je te tuerais pour ça !

Elle sentait la nausée monter, et du se maîtriser pour ne pas s’effondrer au sol, une nouvelle fois. Anaïs… Encore… Toujours… Elle se prit la tête entre ses mains, dégoûtée de revivre ça, mais dégoûtée d’abord d’elle-même. Peut-être était-ce de la main de la professeur qu’elle se trouvait ici, mais c’était en premier lieu sa faute. Toutes ces images étaient issues de son cerveau, de son passé, de ses moments qu’elle ne pouvait enfouir vraiment.
Elle n’avait pas vraiment attention au nouvel environnement dans lequel elle venait de tomber avant, mais une fois que les perles salées lui avaient laissé suffisamment de place pour entrevoir la réalité, elle sursauta. Que faisait-elle à Pré au Lard ? Quel était le rapport ? Tendue, elle se mit à parcourir le chemin de la cabane hurlante, là où elle se trouvait, au centre du village. Tandis qu’elle marchait, elle scrutait le moindre détail, le plus infime qui soit, qui aurait pu l’aider à analyser la situation. Pourquoi ici ? Quelques minutes suffirent, et les lueurs des boutiques lui apparurent. Elle se dirigea d’emblée vers les Trois Balais, où il y aurait sûrement suffisamment de monde pour l’aider. Elle poussa la porte du pub, attentive à ce qu’elle allait y découvrir peut-être.

*Oh non.*

Tout mais pas ça. Rectification, ce qu’elle avait revu n’était pas forcément ce qu’elle aurait choisi dans ses souvenirs si elle avait eu le choix, en fait. Mais se voit là, en face de… lui, alors qu’elle ne l’avait pas vécu. A moins… Oh Merlin.

*Dites moi que c’est pas vrai*

Elle n’avait pas pu passer la soirée avec lui, n’est-ce pas ? Ce n’était pas possible ! Elle n’aurait jamais fait ça ! Shay fixa le visage du jeune homme, ses traits un à un, sentant son cœur se déchirer à nouveau. Elle frissonna lorsqu’il leva la tête vers elle, alors que son double se trouvait en face de lui. Elle n’osait pas se regarder elle-même, de peur d’y voir des choses qu’elle ne serait pas prête à accepter. Il osa lui sourire narquoisement, alors qu’elle le fixait avec vulnérabilité. Lui, qui avait été leur grand frère à toutes les deux. Elle se prit à user de sarcasmes en pensant que cela avait bien changé à présent. Elle se détourna et sortir à l’air libre, de peur de faire ou dire ce qui ne faudrait pas. Ses pas la menèrent dans une certaine ruelle, alors qu’elle s’était promise de ne jamais y retourner.

- Hum, hum.

Mieux valait ne pas se retourner. Elle savait qu’il était derrière elle, son regard braqué sur son dos la brûlait de l’intérieur.

- Tu es bien lâche Shay.

De la moquerie dans sa voix, elle le sentait au plus profond d’elle-même : il la méprisait. La poufsouffle, se tourna pour l’affronter, et resta coite devant le spectacle qui se trouvait devant elle. Le jeune homme brun d’environ quatre ans son aîné tenait dans ses bras un nourrisson dont il émanait une luminosité si claire qu’elle en fut saisie. Il du remarquer son trouble car un sourire vint de nouveau s’orner à ses lèvres.

- Tu ne le reconnais pas ?

Encore et toujours cette moquerie qui la laissait fragilisée. Qu’on pense ou dise d’elle n’importe quoi, Shay s’en fichait bien, enfin du moment que cela restait dans l’optique qu’elle avait fixé. Elle ne se mêlait pas aux autres à proprement parler, préférant de loin agit à sa guise, dans l’ombre. Alors qu’il puisse avoir une telle incidence sur elle semblait incroyable. Même Evan n’en possédait pas une si forte. Peut-être était-ce le remord qui la poussait à se soumettre ainsi ? A accepter son sort ? Elle n’était qu’une poupée misérable dans ces moments là, presque à baisser la tête pour attendre le verdict. Mais elle, ne courberait pas l’échine ce soir, pas après la question qu’il venait de lui poser. Elle darda son regard clair sur le nouveau né et s’obligea à repousser sans attendre les pensées qui lui venaient en tête.

- Si Shay…

La surprise peignit son visage tandis qu’elle respirait un plus fort. Elle fit un pas en arrière, impossible de fixer autre chose que le bébé.

- Non…

Il éclata de rire, faisant se réveiller l’enfant, qui se mit à pleurer. Le jeune homme le souleva alors devant lui, la lassitude visible et s’approcha des poubelles d’un pas tranquille. Shay le suivit des yeux, en silence, et se précipita vers lui lorsqu’elle comprit ce qu’il souhaitait faire. Il avait ôter le couvercle d’une des poubelles et positionner le nourrisson juste au dessus. Shay tendit les mains, mais ne fut pas suffisamment rapide, pour l’empêcher d’agir. Il avait lâché l’enfant dans la boite de fer, et bruit sourd l’avertit qu’il avait bien touché le fond. Le rire le reprit mais Shay n’y fit pas attention, se penchant presque aussitôt pour attraper le bébé. Mais plus rien ne se trouvait à l’intérieur, et un gouffre sombre sans fond lui faisait face. Elle sentit une secousse dans son dos et fut poussée en avant, la tête la première. Le cri de surprise mourut dans sa gorge, alors qu’elle fermait les yeux, en attendant le contact avec quelque chose, n’importe quoi. Ce ne fut pas le cas. Shay continua de tomber vers le bas, plus intriguée que réellement paniquée. L’obscurité l’entourait, profonde et presque palpable, qui l’étouffait peu à peu. Des rires résonnaient parfois, des murmures aussi, elle vit des ombres de silhouettes qui s’éloignaient au loin, elle entendit son prénom comme dans une conversation étouffée dont elle ne savait rien. L’angoisse montait de plus en plus sans qu’elle n’en comprenne réellement la raison. Le visage d’Anaïs auréolée d’une douce lumière lui apparut brièvement, celui des parents d’adoptions suivirent, de certains élèves, celui de Devon, d’Evan, de tous ceux du château qui avaient marqués d’une manière ou d’une autre sa vie d’élève, puis vint le regard de cette femme. Cette femme où on pouvait lire un sadisme évident ancré dans son visage. Shay sentit la bile dans sa bouche aux souvenirs de ce qui s’était passé. Elle détestait cette femme, Alecto Carrow, et saurait agir en temps voulu. Elle ne comprenait cependant pas pourquoi elle ne tombait pas. Elle semblait comme bloquée dans un monde, dans ces ombres… qui l’enserraient toujours plus. Bientôt ses mains disparurent, puis se fut le tour de ses jambes, de ses hanches, et ainsi de suite jusqu’à sa poitrine. Son souffle devint erratique et elle se mit à paniquer davantage encore. Merde, elle n’allait pas disparaître tout de même, hein ?
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Shay Eleonore K. Whorin Empty
MessageSujet: Re: Shay Eleonore K. Whorin   Shay Eleonore K. Whorin Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Shay Eleonore K. Whorin
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Eleonore C.Sawyer_ Fini*
» .:l Shay... still. l:.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
School Poudlard :: Le début :: Les présentations personnages :: Histoire perso-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser