Allez, on inaugure la salle commune ! *baf* [Shay]

Hj: Il est très bien. J'aime bien ton style première personne du singulier. Bon, j'suis pas fière, mais j'avais quand envie de répondre T__T

Dj:

- Dis, je mets les bleus ou les roses?

*Mets les où je pense* songea Shay, en détournant les yeux de la scène. Ces deux pimbêches, avaient le don de l'irriter par leur savoir bien plus important en trucs inutiles qu'en réelles connaissances.

Elle se dépêcha de retirer son livre de son sac pour s'occuper l'esprit en attendant l'arrivée de qui que ce soit, pourvu que ce soit quelqu’un qui n’ait pas adhéré au groupe des cucurbitacées humains, l’utilité en moins. La demoiselle se sentait pour ainsi dire de trop, mais n’avait eu le choix et avait du se lever pour rendre un livre à la bibliothèque. Encore. Du coup, elle se trouvait là, avec un bon quart d'heure d'avance, derrière ces deux greluches. Que faisaient-elles là demandez-vous? Oh mais voyons! « Il faut profiter de tous les instants pour se faire belle. »

*Beurk, laissez moi vomir.*

C'était assez simple à vrai dire. Etant donné que les élèves avaient tendance à arriver à la toute dernière minute, elles pouvaient profiter de l'absence de foule devant les salles de cours pour se pomponner à leur guise.

*Manquerait plus que les garçons se rendent compte que leur visage n'est pas réellement celui qu'elles ont au réveil* . Railla la poufsouffle intérieurement, tout en ne pouvant s'empêcher de lever les yeux au ciel.

Ce qui n'échappa pas à l'une des deux qui se tourna vers elle.

- T'as un problème? Demanda-t-elle sèchement.

Shay l'observa, haussant un sourcil. La manière dont elle s'était adressée à elle, était loin de lui plaire. Mais elle ne répondit rien, comme à son habitude, sans pour autant détourner le regard. Chez certaines personnes on prend cela pour de la lâcheté, de la soumission voir de la peur, mais l'absence de tous ce sentiments dans les prunelles de la blonde montrait bien que son interlocutrice ne l'impressionnait guère. Et celle ci du s'en rendre compte. De fines rides vinrent apparaître sur son front et l’espace d’un instant, la jaune et bronze eut envie de la mettre en garde contre les traces que cela pouvait laisser avec le temps. Elle n’eut cependant pas à réagir puisque sa future interlocutrice fit un pas en avant. Peut-être n’étaient-elles pas suffisamment près comme cela ?
Shay pu ainsi remarquer qu’elles possédaient toutes les deux quoique elle-même légèrement plus petite, mais bon, rien de bien important pour quelqu’un qui portait des chaussures plates. Et puis, les différences qu’elles laissaient apparaître dans cette scène étaient bien suffisantes pour les distinguer l’une de l’autre. La première, dont la moutarde commençait à monter, et la seconde, plutôt blasée qui… songeait à la meilleure manière de savourer le chocolat.

- Tu as perdu ta langue?

La voix de la brunette insipide se faisait presque menaçante, ce qui arracha un sourire intérieur à la poufsouffle. Peut-être bien que c'était le moment de changer la donne?
Shay sentit une légère excitation grandir en elle, et sans attendre, commença à signer. Ses gestes, fluides, traduisaient sa pensée avec rapidité, contrairement à ce que peuvent penser certaines personnes. Et elle vit les visages des deux autres se décomposer peu à peu. En six ans, elle avait utilisé cette faculté sans modération, et vu ce qu'elle parlait en temps normal, il y avait toujours quelqu'un à étonner avec ses gestes. On aurait pu croire que certains avaient fini par être au courant, mais non. Bon après tout, elle ne se mêlait pas plus que nécessaire donc, en un sens c'était compréhensible. Shay continua encore quelques secondes, puis attendit la réaction qui ne tarda pas.

- Oh... tu... tu es muette.

*Non sans blague*

- Désolée, je ne savais pas.

Elle était toute gênée à présent, et Shay n'en ressentit pour autant aucun remord. Pire, elle haussa les épaules et se détourna. Elle tira un peu sur son tee-shirt noir, et referma correctement sa robe de sorcière. Elle ne portait quasiment que des tee-shirts accompagnés de jeans et gilet ou sweet-shirts. Au bout d'un moment, la situation l'agaça et la poufsouffle décida de faire un tour le temps que le cours commence, et au pire, si elle arrivait une ou deux minutes en retard elle aussi, ce n'était pas si grave que cela.
Les cours d’études de moldu ne l’avaient jamais passionné, et pour cause ! Qui allait apprendre à Shay à user d’un téléviseur alors qu’elle avait passé une grande partie de son enfance à emmagasiner une grande partie du savoir qu’offrait cet intellect moderne ? Ses pas la menèrent donc, tout naturellement jusqu’à sa salle commune où elle comptait s’autoriser une grasse mat’ bien méritée ! Après tout, les quelques classes de Poufsouffle qui n’avaient pas cours à cette heure ci devaient sûrement s’être trouvé un coin à l’extérieur pour flâner à leur guise…

Ou peut-être pas. Enfin, lui, du moins, ne s’était pas laissé attirer par les trésors qu’offrait le parc. Un coup d’œil lancé à la silhouette adossée au rebord de pierre puis un autre à « l’œuvre d’art » qui l’observait, suffit à attiser sa faible curiosité. Ce fut à ce moment là qu’elle entendit le personnage questionner le jeune homme sur ses possibles relations, et sa curiosité retomba au niveau zéro. Qu’est ce que cela pouvait bien lui faire ? Même de dos, elle pouvait se douter de l’expression qu’avait prit le visage de son congénère. Il ne répondit pas immédiatement, et son dos semblait légèrement courbé, montrant, comme une certaine protection envers les intrus à son monde.

- Dame Martine, peut-être n’a-t-il pas envie de vous répondre ? Que diriez vous d’aller vous reposer un peu ?

Elle ne lui avait pas adressé un regard, la mine lasse et les épaules baissées. Un mètre la séparait du canapé le plus proche et les traverser lui sembla déjà être une étape montrant son énooorme courage. Elle s’affala délicatement et avant de laisser aller sa tête en arrière contre le dossier moelleux, elle ancra son regard à celui de la vieille dame. Celle-ci la fixait toujours, comme elle l’avait senti, de cet air légèrement hautain qu’elle arborait lorsqu’elle se sentait maîtrisée. Dame Martine et Shay avait eu un différend il y a de ça quelques années lorsque la plus âgée avait pensé bien faire en appelant certaines personnes pour la réconforter. Ce que Shay n’avait pas supporter. Par la suite, à certains instants de tensions, comme maintenant, on pouvait sentir une fine dualité entre elles. Oh, Dame Martine n’était pas méchante, loin de là. Un peu curieuse sur les bords, mais rien de bien méchant et ses attentions partaient d’une bonne volonté. Peut-être était-ce cela le problème dans ce cas. Shay avait l’habitude d’être froide et de se faire respectée même si elle faisait de son mieux pour jouer au contraire dans cette école, et les épreuves de force entre elles deux se voyaient par une finalité du coté de la blonde. Au moins, elle en connaissait une qui la regretterait pas à son départ de Poudlard.
Elle observa distraitement du coin de l’œil, la dame âgée s’esquiver dans le tableau voisin et ainsi de suite jusqu’à ce qu’elle disparaisse à sa vue. Elle laissa le silence se prolonger quelques secondes, son regard fixé au plafond.

- Tu es libre Sügelan.

L'épais nuage de brume formé par la pluie envahit le château telle une toile protectrice. Au dehors, tout semblait immuable, à peine rythmée par le souffle du vent. Ainsi accoudé à la fenêtre, Nathan observait les gouttes s'y agglutiner afin de choir des dizaines et dizaines de mètres plus bas. Quel temps de chien. De quoi déprimer. Sans compter qu'il lui semblait que Dame Martine était toujours derrière lui, à épier chacun de ses mouvements, comme désireuse de pouvoir les commenter. Ce samedi matin était infernal et encore ne s'agissait-il que du début de la journée ; pire encore, du début du week end. La veille, il avait été fixé entre lui et Theodore qu'ils ne pourraient se voir. Les serpentards commençaient à le soupçonner de quelconques fourberies, et il était peu désireux pour lui de les avoir sur le dos à chaque fois qu'il voulait s'éclipser. Ce qui faisait qu'il ne pourrait que le voir lundi... le temps des déjeuners, de loin. Dans une moue de dépit, Nathan s'affaissa un peu plus contre le rebord de la fenêtre. Aaah... quelle horreur... Ce week end allait décidément être interminable.

C'est alors qu'une voix le surpris, tranchante et basse, affrontant celle du tableau. Sursautant à cette intrusion inopinée, Nathan recula d'un bond, s'éloignant de la fenêtre après s'y être cogné. Les épaules relevées et le front plissé, chaque trait de son visage témoignant de sa surprise, c'est avec une timidité apparente qu'il se retourna vers la personne qui venait de rentrer dans la pièce. La tête douloureuse, il maudit silencieusement la fenêtre et son ancienne proximité, avant de laisser courir discrètement son regard sur la Pouffsouffle qui lui faisait face. Il dû rester un moment silencieux, reprenant son souffle alors que, doucement, un rouge qu'on lui connaissait bien envahissait ses joues. Le nouveau visage qui venait d'apparaître dans la salle commune ne lui était pas inconnu ; comme la plupart de ceux de Pouffsouffle d'ailleurs. Sûrement ne saurait-il pas y accorder un nom, mais au moins, il se souvenait de l'avoir vu ce matin-même à la table des Pouffsouffle, dans la grande salle. S'il l'avait remarqué, c'était simplement parce qu'ils n'étaient qu'une dizaine de pèlerins à la table en vue de l'heure en question.

C'est alors qu'il prit conscience de ses paroles envers le tableau, et son regard se riva immédiatement vers ce dernier. Ne démontrant qu'un rideau de velours rouge, Nathan fut surpris de voir que la Dame était partie, de tableaux en tableaux, jusqu'à quitter la pièce. Surpris, il se demanda comment elle avait réussi à décoller un pareil chewing-gum de sa chaussure. Fallait vraiment qu'il travaille son pouvoir de persuasion. Soupirant de façon sourde, le Pouffsouffle retourna son attention sur sa camarade de maison, toisant un instant sa silhouette qui venait de rejoindre douloureusement le canapé le plus proche, près du feu. Au moins, il avait un peu de compagnie. Même si cette dernière s'endormait, ce dont il la soupçonnait d'avoir déjà fait, il se sentirait un peu moins seul dans cette salle vide. Peut-être pourrait-il lui parler un peu, qui sait ; elle n'avait pas l'air aussi froide qu'on le disait. Parce que si Nathan ne connaissait pas grand monde dans sa maison, rien ne l'empêchait d'écouter les rumeurs et d'en sourire. D'après ces dernieres, la jolie blonde était plutôt froide dans ces rapports, et démontrait un côté têtu assez surprenant.

Ignorant ces dires, Nathan se dirigea lentement vers un fauteuil, quant son nom de famille résonna douloureusement à son oreille. Que ca sonnait mal ! Il détestait qu'on l'appelle de cette façon. Non seulement, cela lui rappelait le début de ses rapports avec son amant, mais en plus, ça ne mettait qu'une distance effroyablement creuse entre les personnes. Maugréant de façon sourde, il acheva sa marche vers le fauteuil, glissant au passage sur le tapis de sorte à perdre telle une bouse de dragon son équilibre le temps de se faire mal au dos et d'atterrir sur le fauteuil. Répétition. Journée de merde !

- Je... Merci, pour le tableau. Mais je n'aime pas trop qu'on m'appelle Sügelan... dit-il en toute sincérité ; sincérité témoignant d'une naïveté certaine.

Ramenant ses genoux sur le fauteuil, il se recroquevilla tel un enfant sur ce petit siège, s'enfonçant dans la souplesse de son tissu. Déposant sur ses jambes son menton, il observa une nouvelle fois la jeune femme qui affichait une certaine estime, une assurance posée. Intimidé par cet aspect de sa personnalité, il n'osa pas continuer sa phrase, ni même de lui demander poliment de l'appeler Nathan.

L’attention de Shay ne se focalisa pas immédiatement sur le garçon. Non, ses pensées étaient davantage tournées en direction de Dame Martine, dont la vision faisait, à chaque fois, remonter les mêmes souvenirs à la surface. Le décor sembla s’effacer, alors qu’elle restait dans la même position, pour prendre un point de vue différent. Elle vit la même salle, les mêmes meubles, la même ambiance reposante qui avait fini par lui taper sur le système avec le temps, mais au regard de la luminosité quasi inexistante, on pouvait deviner que c’était avec le temps que l’on avait joué. Et puis la porte donnant dans le couloir s’ouvrit doucement et une fine silhouette s’engouffra à l’intérieur. La demoiselle, puisque c’en était une, passa une main rapide dans sa chevelure brune avant d’ôter d’un geste brusque sa cape sombre qui tomba au sol dans un froissement bref. S’ensuivi une chorégraphie étrange, digne de certains chimpanzés jusqu’à ce qu’elle parvienne à se débarrasser d’une petite masse claire qui avait manifestement roulé de ses cheveux à son cou, où elle s’était empressée de fondre…
De la neige… Elle en avait plein les cheveux, et maintenant, une jolie flaque l’encerclait.

Shay se souvenait parfaitement de ce moment. C’était il y a deux ans déjà, et elle avait passé sa soirée à l’extérieur jusqu’à ce qu’il fasse trop sombre pour qu’elle y reste encore. Elle s’était éprise de la neige lorsqu’elle avait pu la voir avec les yeux d’Anaïs. C’était elle qui lui avait montré la véritable beauté de cette manifestation naturelle. Depuis, lorsqu’il venait à neiger, elle ne pouvait empêcher son cœur de se serrer douloureusement et ses pas, de la mener à la rencontrer de cette pluie magique. Et si elle fermait les yeux alors, la tête levée vers le ciel, accueillant les douceurs gelées sur son visage, oui, si elle y croyait vraiment, elle pouvait presque percevoir sa présence rassurante à ses cotés.

Mais, comme dans tous les songes, il y avait une fin et il fallait céder à la fatalité. Shay avait dû rejoindre sa salle commune en mode plus que furtif, vu l’heure tardive. D’un coup de baguette, elle avait fait retrouver à sa chevelure, sa blondeur naturelle, - blondeur qui lui avait valu bien des appellations au passage ! – et d’un second geste du poignet, l’étendue d’eau à ses pieds avait disparu. Elle s’était ensuite étirée comme un chat, avant de balayer la pièce de son regard vide. De la clarté du halo insaisissable qui tombait en cascade dans son dos à la flaque de liquide à présent absente, en passant par sa posture droite et ses yeux quasi métalliques, elle aurait pu faire songer à une statue. Une statue de glace.
La demoiselle alla s’effondre sur son canapé fétiche en prenant tout de même soin de ne pas faire trop de bruit. Peut-être en avait-elle fait suffisamment néanmoins pour réveiller quelqu’un dont la présence d’une jeune fille comme elle à cette heure, aurait attiser la curiosité. Dame Martine avait toujours eu le sommeil léger de toutes manières.
Loin de s’en rendre compte, Shay, de son coté, avait posé sa tête contre l’accoudoir moelleux, en songeant que la douceur ne lui ferait pas de mal pour une fois. Les paupières closes, le corps détendu, Morphée était venue la quérir et l’emmener dans son royaume où déjà tant d’âmes reposaient. Il ne fallut qu’une vingtaine de minutes à la jeune fille pour commencer à remuer dans son sommeil, et peu davantage à Dame Martine pour que celle-ci n’appelle quelqu’un. Le temps que les filles du dortoir n’arrivent, Shay poussait quelques gémissements et des larmes perlaient au coin de ses yeux.
Jamais, elle ne pardonnerait vraiment au personnage du tableau pour l’avoir mise dans une telle position de faiblesse.

La légère chute de Sügelan et le mouvement de rattrapage que cela entraîna la fit sortir de ses vieux souvenirs. Elle ne savait que peu de choses à son sujet. Timide, que l’on pouvait juger à l’excès pour son âge, il n’avait pas une aura qui l’inquiétait. Dans son regard, elle pouvait lire ce qu’elle prenait pour des doutes incessants et cette recherche de paix qui les accompagnait, comme si le monde était juge. Mais, il n’était pas coupable d’existe. Sügelan semblait être quelqu’un de bien, qui aimait qu’on lui fiche la paix, et elle respectait ce vœu. La voix du jeune homme s’éleva alors et les mots glissèrent en elle avec cette douceur dont il avait fait preuve pour les prononcer.
Shay n’esquissa pas un mouvement, laissant ses pensées s’entrechoquer dans sa tête à leur guise. C’était pourtant ainsi qu’il s’appelait. Son nom lui sonnait-il désagréablement aux oreilles ? Elle n’avait jamais rien entendu sur sa famille, lui, qui savait rester discret. Mais, de toutes manières, elle ne le connaissait pas suffisamment pour l’appeler par son prénom, et il n’était pas encore inscrit sur son C.V qu’elle se montrait familière, avec ceux dont elle ne savait quasiment rien. A moins, peut-être… qu’il soit un enfant. Là, devait bien reposer sa faiblesse. Mais, elle n’en avait cure. Elle se doutait bien qu’elle était poufsouffle parce qu’on ne pouvait pas la mettre autre part. Un sourire naquit sur ses lèvres pales, à cette pensée. Peut-être devrait-elle faire un peu plus d’efforts, pour se montrer sociable.

- Dans ce cas… comment doit-on t’appeler ? Si tu me permets de t’adresser la parole bien sur…

Elle camouflait bien mal sa timidité tout à coup. Etait-ce l’attitude de son condisciple qui était contagieuse ? Elle faillit se mordre la langue, mais se retint, une inquiétude brève traversant les iris qu’elle avait à présent posés sur le garçon. Et pour s’occuper les mains, et en profiter pour regarder ailleurs à vrai dire, elle sortit sa baguette et se mit à la tripoter doucement, en espérant peut-être un peu tardivement qu’aucunes étincelles allaient se décider à apparaître soudainement.